Les chefs d’accusation retenus dans ce dossier sont « attentat, terrorisme, détention illégale d’armes et munitions de guerre, tentative d’assassinat, association de malfaiteurs, meurtre, financement du terrorisme ».
Cinquante prisonniers, dont trois Américains, dans la boîte des accusés, une dizaine de fusils d’assaut alignés devant les juges : le procès de la « tentative de coup d’État » que l’armée de la République démocratique du Congo dit avoir déjouée le 19 mai s’est ouvert vendredi à Kinshasa.
« Ces faits sont passibles de la peine de mort », déclare le président du tribunal militaire de Kinshasa-Gombe aux trois hommes qui, debout devant lui, ont décliné leur identité, assistés d’un interprète.
Marcel Malanga, 21 ans, Taylor Christian Thomson, 21 ans, Benjamin Reuben Zalman-Polun, 36 ans, sont tous trois de nationalité américaine.
De la cinquantaine d’accusés au procès, qui se tient sous une grande tente dans l’enceinte de la prison militaire de Ndolo à Kinshasa, les trois hommes, vêtus comme les autres de la tenue jaune et bleue des détenus, ont été les premiers à entendre les faits qui leur sont reprochés.
En fin de nuit, le dimanche 19 mai à Kinshasa, dans le quartier huppé de la Gombe, plusieurs dizaines d’hommes armés avaient attaqué le domicile d’un ministre, Vital Kamerhe, devenu depuis président de l’Assemblée nationale. Deux policiers commis à sa garde avaient été tués.
Les assaillants avaient ensuite investi non loin de là le palais de la Nation, bâtiment historique abritant des bureaux du président Félix Tshisekedi.
Ils s’y étaient filmés en brandissant le drapeau du Zaïre, ancien nom de la RDC du temps de Mobutu, le dictateur renversé en 1997, et en déclarant la fin du régime de l’actuel chef de l’État, au pouvoir depuis 2019, et largement réélu en décembre dernier.
Leur aventure s’était arrêtée là, avec l’intervention des forces de sécurité qui, selon l’armée, avaient interpellé une quarantaine d’assaillants et en avaient tué quatre autres, dont leur chef, Christian Malanga, 41 ans – le père de Marcel – un Congolais installé aux États-Unis.
Le porte-parole de l’armée avait rapidement parlé de « tentative de coup d’État étouffée dans l’œuf », le gouvernement évoquant un peu plus tard une « tentative de déstabilisation des institutions ».
Les partisans de Vital Kamerhe croient plutôt qu’il s’agissait d’une tentative d’assassinat. Sinon, dites-ils, pourquoi aller s’attaquer en premier à sa résidence, avant d’atterrir dans un bâtiment certes symbolique, mais vide la nuit ?
« Opacité »
Cette opération commando de quelques dizaines d’hommes manifestant mal préparés pour renverser un régime est entourée de nombreuses questions, notamment sur d’éventuels commanditaires.
« L’opacité » autour des interrogatoires des présomptions putschistes est également énoncée par certains défenseurs des droits de l’Homme.
« Les personnes mises en cause n’ont pas eu droit à l’assistance d’un avocat » lors de leurs auditions par les renseignements militaires, a déploré auprès de l’AFP à la veille du procès Jean-Claude Katende, président de l’Association africaine des droits de l’Homme (Asadho), en exprimant ses doutes quant à la tenue d’un « procès équitable ».
Quatre femmes figurent parmi les accusés, de même qu’au moins un ressortissant belge, Jean-Jacques Wondo, expert militaire d’origine congolaise, arrêté deux jours après les faits, le 21 mai.
M. Wondo est accusé d’être un « complice de Christian Malanga », car il « aurait fourni un moyen de transport » aux hypothèses putschistes, a expliqué son avocat, Me Masingo Shela. Il « ne reconnaît rien de ce qui lui est reproché. Il est préparé à se défendre », a-t-il assuré.
Un prévenu s’est également présenté à l’audience comme étant de nationalité canadienne.
Des diplomates occidentaux assistent au procès, en plus de nombreux journalistes et avocats.
Les chefs d’accusation retenus dans ce dossier sont « attentat, terrorisme, détention illégale d’armes et munitions de guerre, tentative d’assassinat, association de malfaiteurs, meurtre, financement du terrorisme ».
Devant les juges ont été disposés une dizaine de fusils d’assaut, un drapeau du Zaïre, des treillis et autres pièces à conviction.
Avec AFP