L’Est de la République démocratique du Congo (RDC) fait face à une crise humanitaire de plus en plus grave en raison de l’insécurité croissante liée à l’offensive du groupe armé M23.
La crise humanitaire dans l’Est de la RDC ne cesse de se détériorer alors que l’offensive du groupe armé M23, soutenu par les forces rwandaises, continue de ravager les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Cette situation a entraîné le déplacement massif de milliers de personnes, confrontées à une pénurie alimentaire et à un manque de soutien humanitaire, a indiqué le Programme alimentaire mondial (PAM), soulignant également l’augmentation des violences sexuelles.
La situation précaire entraîne en effet leur hausse, notamment contre les femmes et les filles, qui sont particulièrement vulnérables. Beaucoup sont attaquées lorsqu’elles cherchent du bois de chauffe, et certaines sont contraintes d’avoir des relations sexuelles en échange de nourriture pour leurs familles.
« Mettre de la nourriture entre les mains des femmes et leur offrir des moyens de subsistance est essentiel pour réduire la violence envers les femmes et les filles », a souligné Shelley Thakral, porte-parole du PAM en RDC. Le PAM prévoit de distribuer 57 tonnes de nourriture pour soutenir 11 000 enfants et femmes enceintes ou allaitantes menacés de malnutrition sévère.
L’agence onusienne exprime sa profonde inquiétude face à l’absence d’assistance pour ces déplacés depuis plusieurs semaines. « Cela aura un impact sur leur état nutritionnel et leur santé. Il est essentiel d’apporter de la nourriture – les gens en manquent », a-t-elle ajouté.
Les marchés alimentaires dans la région sont gravement perturbés. Près de la moitié des magasins restent fermés, et une récente évaluation du PAM révèle que le prix de la farine de maïs – aliment de base de la région – a augmenté de près de 70 %. Les prix du sel et de l’huile d’arachide ont également fortement grimpé, aggravant davantage la situation des populations locales.
La situation est compliquée également par des problèmes de transport. Après la prise de contrôle de Goma par le M23 fin janvier, l’aéroport de cette ville, capitale du Nord-Kivu, est resté fermé, coupant ainsi la principale voie d’approvisionnement humanitaire dans la région. En outre, le service aérien humanitaire des Nations Unies (UNHAS), géré par le PAM, souffre d’un manque de financement, menaçant ses opérations.
En 2024, l’UNHAS a effectué près de 7000 vols, transportant 44 000 personnes vers 62 destinations, mais sans financement supplémentaire, ces services pourraient être suspendus au-delà de mars 2025, compromettant ainsi l’accès humanitaire dans tout le pays. Le PAM lance un appel urgent pour un financement de 33,1 millions de dollars afin de continuer ses actions.
Arrivé cette semaine à Kinshasa, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, a lancé un appel à témoins concernant les atrocités commises dans les zones sous occupation du M23 et des forces rwandaises. En discussion avec le Président Félix Tshisekedi, Khan a souligné la nécessité de collecter des preuves sur les crimes de guerre et les exactions. Une conférence internationale sur la paix, visant à traiter la crise en RDC, est prévue pour avril prochain.
ODL/ac/Sf/APA