Au Sénégal, les résultats provisoires de l’élection présidentielle, remportée dimanche 24 mars par le candidat soutenu par l’opposant antisystème Ousmane Sonko, seront connus « d’ici vendredi » prochain.
Nommé depuis deux semaines pour organiser l’élection présidentielle au Sénégal, le ministre de l’Intérieur, Mouhamadou Makhtar Cissé, a magnifié mardi le bon déroulement du scrutin remporté dimanche dernier, au premier tour, par l’opposant Bassirou Diomaye Faye. Malgré les contestations et incertitudes qui ont entouré le processus électoral à la suite d’une interruption d’un mois, il note qu’il n’a pas été compliqué pour les fonctionnaires de son ministère d’organiser l’élection en l’espace d’une vingtaine de jours.
« C’est le signe d’une maturité démocratique. Nous avons la chance d’avoir une administration républicaine, une très forte tradition de démocratie. Quand vous êtes nommé, même pour 15 ou 20 jours et que vous avez connaissance du dispositif, il suffit d’avoir l’intelligence de le manager, le prendre en charge et mettre votre petite touche personnelle, de ne chercher à rien bouleverser. C’est un processus qui est éprouvé », explique l’ancien directeur de cabinet du président sortant Macky Sall dans une interview accordée à TV5 Monde.
Désigné par le célèbre opposant Ousmane Sonko pour porter le projet souverainiste du parti Pastef après que le Conseil constitutionnel a interdit au maire de Ziguinchor (sud) de se présenter, le candidat antisystème Bassirou Diomaye Faye, 44 ans, a remporté l’élection présidentielle dès le premier tour du 24 mars 2024 avec plus de 53% des voix, d’après les principales tendances.
En attendant la proclamation des résultats provisoires « d’ici vendredi » par la Commission nationale de recensement des votes (CNRV), dirigée par le président de la Cour d’appel de Dakar, le ministre de l’Intérieur se dit « fier du peuple sénégalais qui s’est exprimé librement », ajoutant que « c’est un sentiment de soulagement et de bonheur » qui l’habite.
Macky Sall, un homme « serein et sage »
Une grande pression a sous-tendu en effet l’organisation de cette élection, initialement prévue le 25 février 2024 avant que le processus ne soit interrompu pendant un mois par le parlement et l’exécutif. Le Conseil constitutionnel est intervenu à chaque fois pour rappeler que le scrutin devait être tenu avant le 2 avril 2024, date limite du mandat du chef de l’Etat sortant Macky Sall qui ne se représente pas pour un troisième mandat après douze ans passés au pouvoir.
« L’élection de Bassirou Diomaye Faye ne souffre d’aucune contestation. Il a obtenu la majorité absolue des voix. Le taux de participation tourne autour de 62%. C’est un peu moins qu’en 2019 où on avait un taux exceptionnellement élevé de 65%. Mais c’est beaucoup mieux que lors des dernières élections législatives et locales (tenues en 2022) où nous avions moins de 50% de taux de participation », a souligné Mouhamadou Makhtar Cissé, qui rend hommage à Macky Sall malgré les critiques acerbes dirigées à son endroit après l’interruption du processus menant à la présidentielle.
« J’ai pu observer son sens du devoir, sa sérénité et sa sagesse qui nous ont permis de sortir de cette situation qui pouvait sembler confuse. Mais pour nous, elle n’était qu’un dialogue entre les différentes institutions de notre pays. On a été agressé à la limite. C’est une grosse injustice parce que le Sénégal a vocation à rester un pays démocratique », a dénoncé l’inspecteur général d’Etat dont la nomination au poste de ministre de l’Intérieur a reçu beaucoup d’échos favorables de la part des différents acteurs à l’instar de l’opposition.
Un président « préparé à la tâche »
A présent, Mouhamadou Makhtar Cissé souhaite au cinquième président de la République du Sénégal, qui doit être investi dans les prochains jours et probablement avant le 2 avril dans ses nouvelles fonctions, « la paix, la santé », du « succès » ainsi que « beaucoup de sérénité et de lucidité pour prendre pour prendre les meilleures décisions possibles au profit du peuple sénégalais », considérant que « la charge de président de la République est extrêmement difficile ».
Toutefois, aux personnes qui doutent de l’expérience de Bassirou Diomaye Faye d’assurer les fonctions présidentielles, le ministre de l’Intérieur répond qu’on « ne devient pas président de la République par hasard ». Formé à l’Ecole nationale d’administration (Ena) et secrétaire général du parti Pastef, le nouveau chef de l’Etat sénégalais « est préparé à la tâche et à la mission », a indiqué M. Cissé, assurant que le président Diomaye Faye « est un produit de la haute administration qui connaît les ressorts de l’Etat pour faire ce qui reste ».
ODL/ac/APA