Jeudi dernier, deux embarcations transportant plus de 180 migrants ont sombré au large des côtes du district de Dhubab, dans la région de Ta’iz, d’après les rapports de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
L’incident a eu lieu pendant l’une des pires périodes météorologiques de ces dernières années, selon les témoignages locaux.
Les bateaux, qui tentaient le périlleux voyage depuis la Corne de l’Afrique, ont chaviré dans des eaux tumultueuses, une situation courante en cette saison, souligne le rapport.
Parmi les passagers, on comptait au moins 124 hommes et 57 femmes. Bien que deux membres d’équipage yéménites aient été sauvés, il est fort probable que tous les autres passagers et membres d’équipage aient péri, aucun corps n’ayant été retrouvé à ce jour.
Le naufrage serait dû à l’ignorance des avertissements météorologiques émis par l’Autorité de l’aviation civile et de la météorologie du Yémen, qui déconseillait de prendre la mer en raison des vents violents et des vagues élevées.
Les migrants arrivant dans les centres d’accueil au Yémen rapportent que les passeurs deviennent de plus en plus imprudents, envoyant délibérément les bateaux dans des conditions dangereuses afin d’échapper aux patrouilles.
« Ces naufrages récents rappellent l’ampleur des dangers auxquels sont confrontés les migrants à la recherche d’une vie meilleure », a déclaré Abdusattor Esoev, chef de mission de l’OIM au Yémen.
« Les passeurs continuent de jouer avec la vie humaine, envoyant des gens dans des voyages périlleux malgré des alertes météorologiques claires. Il est urgent de mettre en place une protection adéquate et des alternatives sûres pour les migrants. Sans actions immédiates, davantage de vies risquent d’être perdues et des familles continueront de pleurer leurs proches », a ajouté Esoev.
Les migrants qui parviennent à arriver au Yémen se retrouvent souvent dans une situation désastreuse. Ceux qui transitent par le pays sont fréquemment victimes de violences, de détentions, de travail forcé et d’autres formes d’exploitation. Beaucoup sont enlevés et extorqués par des trafiquants ou des groupes armés, tandis que d’autres se retrouvent bloqués, sans possibilité de poursuivre leur route ou de retourner chez eux.
Malgré ces dangers, des milliers de personnes effectuent chaque année ce périple. Plus de 60 000 migrants sont arrivés au Yémen l’année dernière. Depuis 2014, le projet de l’OIM sur les migrants disparus a enregistré plus de 3 400 décès et disparitions le long de la route de l’Est, dont plus de 580 femmes et 100 enfants. Parmi ces victimes, 1 400 sont mortes noyées.
L’OIM continue de fournir une assistance essentielle aux migrants au Yémen, y compris des vivres, des soins médicaux, des services de protection et un retour humanitaire volontaire. Toutefois, les besoins sont bien supérieurs aux ressources disponibles. En raison des réductions budgétaires, les efforts humanitaires sont sévèrement impactés, et l’OIM craint que davantage de migrants ne se retrouvent coincés indéfiniment au Yémen, avec un accès limité à la nourriture, à un logement décent ou à des soins de santé.
Face à cette détérioration de la situation humanitaire, l’OIM appelle à une action internationale renforcée pour protéger les migrants et lutter contre les causes profondes de la migration irrégulière. Un soutien urgent est nécessaire pour mettre en place des voies de migration plus sûres et éviter de nouvelles tragédies humaines.
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