La directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Dr Ngozi Okonjo-Iweala, a lancé un avertissement aux dirigeants mondiaux, les exhortant à renforcer la collaboration et à entreprendre des réformes pour éviter une crise économique, alors que les tensions commerciales s’intensifient et que le risque de fragmentation économique se profile.
S’exprimant lors du Forum économique mondial récemment conclu à Davos, en Suisse, la directrice générale de l’OMC, Okonjo-Iweala a invité les décideurs à « se détendre » et à réfléchir aux conséquences à long terme des mesures commerciales de représailles.
Ses déclarations interviennent alors que les discussions sur les incertitudes commerciales et la résilience économique ont dominé l’événement. Lors d’une réunion ministérielle informelle organisée par la Suisse, les ministres du commerce ont réaffirmé leur « soutien fort » à l’OMC et à son rôle dans le maintien d’un système commercial transparent et fondé sur des règles.
Dans une session intitulée « Trouver la croissance en temps d’incertitude », Mme Okonjo-Iweala a mis en avant la résilience du commerce face aux crises récentes et souligné le potentiel transformateur de l’intelligence artificielle (IA) dans le commerce mondial.
« Le commerce restera une source de croissance », a-t-elle déclaré, citant une étude de l’OMC qui prévoit une croissance commerciale à deux chiffres si les outils d’IA sont largement adoptés. Ces technologies, a-t-elle ajouté, peuvent réduire les coûts commerciaux et accroître la productivité.
Mme Okonjo-Iweala a néanmoins mis en garde contre les dangers de la fragmentation économique, avertissant que la division du monde en blocs commerciaux concurrents pourrait réduire le PIB mondial de 6,4 %, soit l’équivalent de la disparition des économies combinées du Japon et de la Corée du Sud.
« Ce n’est pas une voie que nous voulons emprunter », a-t-elle insisté.
Lors d’une session sur les dynamiques entre commerce et climat, la directrice générale de l’OMC a également souligné l’interdépendance entre le commerce et l’économie verte.
« L’adoption des technologies d’énergie propre ne peut se faire sans le commerce », a-t-elle affirmé, appelant les pays à privilégier l’exportation de biens en adéquation avec leurs avantages comparatifs environnementaux.
Les risques liés à l’escalade des guerres tarifaires ont été au centre des discussions lors d’un débat organisé le 23 janvier, où Mme Okonjo-Iweala a abordé la question des nouvelles taxes douanières envisagées par les États-Unis.
« Il est facile d’imposer des tarifs douaniers – c’est un outil attrayant – mais l’histoire nous met en garde contre ses conséquences », a-t-elle averti.
Elle a notamment évoqué les années 1930, lorsque les mesures protectionnistes ont aggravé la Grande Dépression.
« Si nous entrons dans une spirale de représailles tarifaires, les pertes du PIB mondial pourraient atteindre deux chiffres. Ce serait catastrophique pour tout le monde, en particulier pour les nations les plus pauvres », a-t-elle ajouté.
Clôturant ses interventions à Davos, Mme Okonjo-Iweala a participé à une réunion ministérielle sur la réforme de l’OMC, plaidant pour une modernisation en vue de la 14ᵉ Conférence ministérielle de l’OMC en 2026.
« Le contexte évolue ; nous devons agir et moderniser notre organisation », a-t-elle déclaré.
Les ministres présents ont appuyé son appel, insistant sur l’importance de l’OMC pour garantir un système commercial prévisible et équitable.
Selon un rapport du journal Punch publié mercredi, le message de la directrice générale de l’OMC à Davos est clair : la coopération commerciale, les réformes et l’innovation sont essentielles pour éviter une catastrophe économique mondiale.
GIK/lb/ac/APA