Au Mozambique, des violences ont éclaté après l’annonce des résultats contestés de la présidentielle du 9 octobre, remportée par le Frelimo. L’opposition, dirigée par Venancio Mondlane, dénonce des fraudes massives, ce qui a entraîné des manifestations réprimées par la police dans plusieurs villes, causant au moins onze morts.
De nouveaux affrontements ont opposé samedi la police et des manifestants dans plusieurs villes du Mozambique, où l’opposition conteste les résultats de la présidentielle, entachée de multiples irrégularités, selon les observateurs internationaux.
Dans la capitale Maputo, des centaines de personnes se sont rassemblées avant d’être dispersées par la police avec du gaz lacrymogène et des tirs de balles en caoutchouc, ont constaté des correspondants de l’AFP.
Ce pays pauvre d’Afrique australe est entré dans un cycle de violences depuis la proclamation le 24 octobre des résultats officiels des élections présidentielles et parlementaires du 9 octobre, accordant une large victoire au Frelimo, parti au pouvoir depuis 49 ans.
L’annonce de ces résultats a immédiatement déclenché des manifestations violentes dans plusieurs villes, l’opposition dénonçant un scrutin « volé ». Elles se sont soldées par au moins onze morts, selon plusieurs ONG.
Le principal opposant Venancio Mondlane, 50 ans, qui revendique la victoire à la présidentielle, a appelé à une grève nationale et à des manifestations jusqu’au 7 novembre.
Dans la province de Nampula (nord), à près de 2 000 km de la capitale, des affrontements ont également éclaté à plusieurs endroits samedi, selon des témoignages recueillis par l’AFP.
Dans la capitale provinciale Nampula, « à environ 09h00 (07h00 GMT), près de 500 personnes sont descendues dans les rues pour contester les résultats des élections », a indiqué Constantino Jose, un chauffeur de taxi de la ville.
« Les manifestants se sont rassemblés à Arresta (le plus grand marché de Nampula) et ont bloqué des rues », a-t-il ajouté.
« La police a tiré des gaz lacrymogènes et des balles réelles pour disperser la faute », a-t-il poursuivi, sans donner plus de détails.
« Chaos »
Un mouvement local de la société civile, Plataforma Decide, a indiqué à l’AFP que la « province de Nampula était en plein chaos » avec notamment « dans la ville de Nampula, la police qui a tiré des gaz lacrymogènes ».
Sollicitée par l’AFP, la police n’a pas répondu.
Dans la ville de Namialo, à 95 km de Nampula, « plus d’une centaine de manifestants ont brûlé des pneus dans la rue », selon un journaliste local qui a précisé que des policiers en grand nombre avaient été déployés dans la zone. Il s’exprimait sous couvert de l’anonymat pour des raisons de sécurité.
Selon une autre source, au moins neuf personnes ont été touchées par des tirs sans qu’on sache pour l’instant s’il s’agit de gaz lacrymogène ou de balles.
Un administrateur de la ville de Meconta-Namialo, Melchior Focas, a confirmé des « affrontements » dans la zone.
La commission électorale avait déclaré fin octobre Daniel Chapo, 47 ans, du Frelimo, vainqueur de l’élection présidentielle avec près de 71 % des suffrages.
Venancio Mondlane, un ancien animateur de radio qui a récemment quitté la Renamo, parti d’opposition historique, est arrivé en deuxième position avec 20 % des voix, selon les résultats officiels.
L’opposition a déposé un recours devant le Conseil constitutionnel, plus haute cour du pays, pour exiger un nouveau comptage des voix.
Cette cour a ensuite demandé à la commission électorale de lui transmettre tous les résultats des bureaux de vote de six des onze provinces, ainsi que ceux de la capitale Maputo.
L’ONG anticorruption Public Integrity Center (CIP) a estimé qu’il s’agissait des élections « les plus frauduleuses depuis 1999 », déjà très contestées.
La mission de l’Union européenne a notamment relevé des « altérations injustifiées de résultats », constatant que sur un tiers des dépouillements observés, les chiffres « ne concordent pas ».
APA/Sf/AFP