L’Union africaine (UA) a condamné lundi le meurtre de deux proches de l’opposant mozambicain Venancio Mondlane, dont son avocat, à la suite des tensions qui ont suivi les élections générales du 9 octobre dernier.
Près de deux semaines après les élections présidentielle et législatives, le Mozambique reste au centre de l’attention. Elvino Dias, l’avocat de l’opposant Venancio Mondlane, ainsi qu’un membre du parti Podemos, Paulo Gambe, ont été tués dans la nuit de vendredi à samedi, alors que le premier s’apprêtait à déposer un recours pour dénoncer des fraudes lors du scrutin du 9 octobre, dont les résultats définitifs ne sont toujours pas publiés.
Dans un communiqué transmis lundi à APA, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a « condamné » ce double meurtre et présenté ses condoléances aux familles des défunts. « Le Président appelle les autorités de sécurité mozambicaines à mener les enquêtes nécessaires et à traduire les coupables en justice », a déclaré Mahamat, exhortant les différentes parties « au calme » et au « respect du processus judiciaire » dans l’intérêt supérieur de la stabilité du Mozambique.
Le diplomate tchadien a affirmé suivre de près les conséquences des élections générales au Mozambique, tenues le 9 octobre 2024, et a exprimé sa « profonde préoccupation » face aux violences post-électorales signalées, notamment les meurtres récents. Il a rappelé que l’UA avait déployé une mission d’observation électorale à court terme dans le pays.
Moussa F. Mahamat a également exhorté tous les acteurs politiques mozambicains à privilégier une approche pacifique alors que le pays attend la proclamation officielle des résultats finaux par le Conseil constitutionnel.
Lundi, une manifestation a été dispersée à coups de gaz lacrymogène dans la capitale du Mozambique, qui avait des allures de ville morte après un appel à la grève générale lancé par Venancio Mondlane pour dénoncer des fraudes lors de la présidentielle, a constaté l’AFP.
Cette manifestation s’est déroulée deux jours après l’assassinat de deux proches de l’opposant, dont son avocat qui préparait un recours pour contester les résultats de l’élection du 9 octobre, toujours en attente de publication.
Les grandes artères de Maputo, habituellement embouteillées, étaient désertes dans la matinée.
Des dizaines de manifestants et plusieurs journalistes ont défilé le long d’une grande avenue avant d’être dispersés par des policiers anti-émeutes lourdement armés, qui ont tiré des grenades lacrymogènes.
« Venancio », comme l’appellent ses partisans, dépassait la plupart des manifestants d’une tête. Il a appelé chacun à rentrer chez soi avant de se mettre à l’abri lui-même.
Candidat à la présidentielle sous la bannière du parti Podemos, cet ancien animateur radio de 50 ans avait appelé à manifester pour contester les premiers résultats de l’élection, qui donnent le Frelimo, parti au pouvoir depuis 49 ans, en tête.
La tension était à son comble dans la capitale, deux jours après l’assassinat de son avocat Elvino Dias, qui préparait un recours devant la plus haute cour du pays pour dénoncer des fraudes, et celui d’un responsable de Podemos, Paulo Guambe.
La voiture des deux hommes a été interceptée par deux autres véhicules, dont sont sortis des assaillants armés qui ont tiré à bout portant une vingtaine de balles, selon des témoins.
Avant l’Union africaine, l’Union européenne et le Secrétariat général des Nations unies avaient déjà condamné ces violences et appelé à une enquête rapide.
ODL/ac/Sf/APA