L’intégrité du processus électoral mozambicain est en jeu en raison des anomalies généralisées dans le décompte des voix présenté par l’organisme électoral du pays à la suite des élections contestées du mois dernier.
L’agence de presse publique AIM a rapporté jeudi que le Conseil constitutionnel du Mozambique, la plus haute autorité en matière de droit constitutionnel et électoral, a exprimé de sérieuses inquiétudes concernant les divergences dans le décompte des voix des élections présidentielles, parlementaires et provinciales du 9 octobre.
Selon les rapports, le conseil a exigé une explication de la Commission électorale nationale (CNE) dans les 72 heures.
Dans un rapport préliminaire soumis le 24 octobre, la CNE a reconnu l’existence de divergences mais les a attribuées au manque de temps pour une enquête approfondie avant la date limite de l’annonce des résultats.
Cette explication n’a pas satisfait le Conseil constitutionnel, qui exige la clarté concernant les incohérences.
La présidente du Conseil, Lucia Ribeiro, s’est adressée au CNE dans une lettre officielle, soulignant la nécessité de rendre des comptes et de la transparence dans le processus électoral.
Les élections se sont déroulées simultanément, chaque électeur recevant trois bulletins – un pour chaque élection. Chaque bureau de vote était équipé de trois urnes, qui auraient dû contenir le même nombre de votes.
Toutefois, des rapports indiquent des écarts importants entre les différents districts, ce qui soulève des questions sur l’intégrité du processus électoral.
Dans de nombreux bureaux de vote, le nombre de votes exprimés pour une élection a dépassé celui des autres.
Par exemple, dans le district de Govuro, 7 062 votes de plus ont été enregistrés pour l’assemblée provinciale que pour l’élection présidentielle, tandis qu’une différence stupéfiante de 36 974 votes a été observée à Massinga, avec plus de bulletins exprimés pour le parlement que pour l’assemblée provinciale – une anomalie qui ne devrait pas se produire lors d’élections simultanées.
Les anomalies inexpliquées représentent un défi important pour le Conseil constitutionnel, qui pourrait être contraint d’invalider les résultats des bureaux de vote où les décomptes de votes ne concordent pas.
Le président de la CNE, l’évêque anglican Carlos Matsinhe, a transmis la demande de Ribeiro au Secrétariat technique de l’administration électorale, l’organe exécutif de la CNE.
L’opposition a rejeté les résultats du scrutin, alléguant des irrégularités généralisées.
Cette situation a déclenché des manifestations dans les rues de la capitale Maputo et d’autres régions du pays.
JN/fss/Sf/ac/APA