Le Mawlid au Maroc constitue une célébration où s’entremêlent traditions ancestrales et dévotion contemporaine, symbolisant un moment privilégié d’unité et de réflexions profondes sur le sens de la foi.
En cette période empreinte de spiritualité et de ferveur religieuse, le Maroc célèbre, comme chaque année, lera Mawlid Annabawi, un événement marquant la naissance du Prophète Mohamed. Cette commémoration, attendue avec dévotion par les musulmans du royaume, se déroule cette année les 16 et 17 septembre, coïncidant avec le 12e jour du mois de Rabi’ Al-Awwal 1446.
La date exacte de cette célébration est déterminée par l’observation du croissant de lune, pratique qui confirme le début des mois lunaires dans le calendrier islamique. Selon un communiqué officiel du ministère des Habous et des Affaires islamiques, le croissant marquant l’entrée du Rabi’ Al-Awwal n’a pas été visible dans la nuit du 3 septembre. Ainsi, le mois précédent, Safar, a pris fin le 4 septembre, inaugurant Rabi’ Al-Awwal dès le jour suivant.
La célébration du Mawlid tire ses racines du XIIIe siècle, emblème de la dévotion des musulmans envers le Prophète Mohamed, messager ultime de l’islam. La première fête traditionnelle documentée remonte à 1207, dans la ville d’Erbil en Irak, manifestant ainsi la portée et l’importance de l’événement à travers les siècles et les frontières.
Au Maroc, le Mawlid s’inscrit dans une tradition profondément enracinée où spiritualité et coutumes locales s’entremêlent. Chaque année, cette fête représente un temps de communion intense entre la population et les valeurs sacrées de l’islam. Les Marocains participent à de multiples activités à caractère religieux et festif, mettant en relief le patrimoine culturel du pays.
Ce jour de célébration est avant tout un moment de profond recueillement et de renforcement du lien spirituel avec le divin. Pour les fidèles, c’est une opportunité de méditer sur la vie exemplaire du Prophète Mohamed et de s’efforcer d’incarner ses enseignements dans la vie quotidienne. Les mosquées et les maisons résonnent des récitations du Coran et de prières collectives, témoignant de l’intensité de cette connexion spirituelle.
La commémoration de le Mawlid dépasse le simple souvenir historique pour devenir un moyen d’approfondir la relation des croyants avec Dieu, par l’admiration et l’amour voué au Prophète. Il est perçu non seulement comme le dernier des messagers, mais aussi comme un modèle éthique dont les valeurs de vertu, de compassion et de justice inspirent toujours aujourd’hui les croyants.
Convergence spirituelle à Fès
Particulièrement significatif cette année est l’afflux de nombreux fidèles en provenance d’Afrique de l’Ouest, notamment du Sénégal, qui convergent vers la ville de Fès. Cette ville, riche de son patrimoine spirituel, abrite le mausolée de Cheikh Ahmed Tidiane Chérif, un descendant du Prophète et figure emblématique des confréries soufies. Ce pèlerinage, qui coïncide avec le Mawlid, renforce les liens entre les communautés musulmanes de différentes régions, toutes unies par un sentiment commun de dévotion et d’admiration envers la descendance prophétique.
Pour les pèlerins, cette visite revêt une signification particulière, inscrivant leur démarche dans une quête spirituelle et un hommage au legs mystique de Cheikh Ahmed Tidiane Chérif. En honorant cette figure éminente, ils cherchent non seulement à renouveler leurs engagements spirituels, mais aussi à intégrer les enseignements soufis dans leur pratique religieuse quotidienne, tissant ainsi un lien vivant entre histoire et spiritualité.
La tradition marocaine, entre festin et réflexion
La tradition culinaire occupe une place centrale dans les célébrations marocaines de le Mawlid. Les familles se rassemblent autour de plats savoureux et de douceurs préparés spécialement pour l’occasion. Tagines, couscous et pâtisseries marocaines ornent les tables, créant un pont entre spiritualité et convivialité.
Par ailleurs, au-delà des rassemblements familiaux, les Marocains participent activement à des conférences et discussions organisées dans les espaces publics ou religieux. Ces événements permettent de redécouvrir et d’approfondir la connaissance des enseignements prophétiques, d’explorer leurs implications contemporaines et de raviver l’esprit communautaire autour des grands principes de l’islam.
Dans le monde musulman, le Mawlid est célébré de diverses manières, reflétant la richesse et la diversité des pratiques islamiques. Certaines communautés organisent des processions éclatantes ou des festivités de grande ampleur, tandis que d’autres optent pour des cérémonies plus discrètes, en famille ou au sein de petites assemblées.
Au Maroc, si la célébration de le Mawlid est largement acceptée et pratiquée, les avis sur sa légitimité varient dans le monde musulman. Certains puristes considèrent que, n’étant pas décrite dans les textes sacrés, cette commémoration n’a pas lieu d’être, tandis que d’autres la perçoivent comme une démonstration d’amour envers le Prophète et une occasion de raviver l’engagement spirituel.
MN/Sf/ac/APA