La politique a été en amont de l’économique entre Rabat et Paris avec la décision de la France, membre permanent du conseil de sécurité, de dire que le présent et l’avenir des provinces du Sahara s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine.
La visite d’État du président français, Emmanuel Macron et de son épouse, Brigitte Macron, à Rabat du 28 au 30 octobre, marque un tournant dans les relations entre la France et le Maroc. Invité par le Roi Mohammed VI, le chef d’État français espère concrétiser avec le Maroc une « ambition renouvelée » pour les décennies à venir. Cette rencontre s’inscrit dans un contexte de renforcement de la coopération bilatérale dans des domaines stratégiques et souligne l’engagement des deux pays à répondre aux défis communs, tant nationaux que régionaux et internationaux.
Avec près de 1 000 entreprises françaises implantées au Maroc, représentant environ 150 000 emplois directs, la France est un partenaire économique de premier ordre. Les échanges commerciaux entre les deux pays, qui ont doublé au cours de la dernière décennie, atteignent aujourd’hui 14,1 milliards d’euros, soit une progression de 5 % par rapport à 2022. Le Maroc, principal marché de la France en Afrique du Nord, bénéficie d’investissements français dans des secteurs variés, notamment l’automobile et le tourisme, qui contribuent à stimuler l’économie nationale. Le Royaume reste également le premier investisseur africain en France, avec un stock d’IDE en nette hausse, passant de 372 millions d’euros en 2015 à 1,8 milliard d’euros en 2022.
L’énergie et l’environnement, des priorités partagées
Depuis plus d’une décennie, le partenariat énergétique entre la France et le Maroc occupe une place centrale. Le Maroc, qui vise à atteindre 52 % d’énergies renouvelables d’ici 2030, bénéficie d’un soutien technique et financier de la France pour réaliser cette transition. Les deux pays collaborent activement dans le cadre de la « Powering Past Coal Alliance, cherchant à réduire progressivement leur dépendance au charbon, avec pour objectif commun de renforcer l’usage des énergies vertes. La coopération s’étend également à la recherche sur l’hydrogène décarboné, avec des projets conjoints entre l’Institut de recherche enénergie solaire et énergies nouvelles (IRESEN) au Maroc et des institutions françaises, renforçant ainsi les synergies technologiques.
En matière de transports, le partenariat entre les deux pays a donné naissance à des projets ambitieux, tels que la Ligne à grande vitesse (LGV) reliant Casablanca à Tanger, inaugurée en 2018. Ce projet, symbole d’une coopération durable, qui ouvre la voie à de futures initiatives pour moderniser les infrastructures ferroviaires, urbaines et maritimes du Royaume. La filière française des transports, bien établie au Maroc, continue d’accompagner le pays dans son développement, avec des projets visant à faciliter la mobilité urbaine et à améliorer l’efficacité des réseaux logistiques.
Agriculture et lutte contre le changement climatique
Pour le secteur agricole, la coopération s’est intensifié avec la signature de nouveaux accords en 2024, qui établiront un cadre de collaboration sur les enjeux d’adaptation aux changements climatiques. Un comité mixte maroco-français supervisera des projets de recherche et de développement pour la structuration des filières agricoles et la promotion de pratiques durables, telles que l’utilisation de biochar. En outre, le secteur agricole bénéficiera d’une aide financière pour faire face au stress hydrique qui affecte gravement les ressources du Maroc.
La gestion des flux migratoires constitue un autre pilier de la relation franco-marocaine. Dans ce cadre, le Groupe migratoire mixte permanent (GMMP), créé en 2017, facilite le dialogue et la coopération pour lutter contre les réseaux d’immigration illégale et promouvoir la migration légale. En se réunissant régulièrement, le GMMP s’adapte aux nouvelles réalités migratoires, répondant aux défis posés par les flux de personnes et renforçant la sécurité des frontières.
En outre, le système éducatif et universitaire représente un domaine stratégique de coopération entre la France et le Maroc. Le réseau français d’enseignement au Maroc, le plus étendu au monde après celui de la France, scolarise près de 49 000 élèves, dont la majorité est marocaine. Ce réseau, soutenu par des programmes d’excellence, favorise la mobilité des étudiants marocains vers la France, qui reste leur principale destination d’études à l’étranger. Avec plus de 45 000 étudiants marocains en France en 2022-2023, le Maroc constitue le premier pays d’origine des étudiants étrangers en France, attirés par des formations de qualité dans les grandes écoles et universités françaises.
La visite d’État du président Emmanuel Macron à Rabat scelle un partenariat renforcé entre le Maroc et la France, ancré dans une volonté de coopération équilibrée et durable. Au-delà de l’économie, de l’énergie ou de l’éducation, cette relation stratégique se veut un modèle de collaboration qui répond aux enjeux contemporains et qui aspire à façonner un avenir commun entre les deux pays, dans un monde en perpétuelle transformation.
RT/ac/Sf/APA