Le Dr Traoré Fatoumata Nafo a remis au ministre de la Santé le rapport des États généraux de la santé, déroulant un plan ambitieux marquant une étape clé pour la refondation du système sanitaire malien.
La présidente de la Commission d’organisation des états généraux de la santé, le Dr Traoré Fatoumata Nafo, a remis officiellement le rapport général au ministre de la Santé et du Développement social, le médecin-colonel Assa Badiallo Touré, le 6 mars dernier. Cet événement marque une étape importante dans la refondation du système de santé malien, visant à renforcer les structures sanitaires et à améliorer les services offerts à la population.
Le rapport, fruit de deux mois de concertation avec l’ensemble des acteurs de la santé et du développement social, contient 973 recommandations, dont 68 axes stratégiques prioritaires. Parmi ces axes figurent l’intégration de la médecine traditionnelle, la promotion du secteur privé de la santé et des approches multisectorielles englobant la santé des jeunes, en milieu scolaire et carcéral. La ministre a souligné la nécessité d’une implication de tous les acteurs, estimant que la mise en œuvre de ces recommandations contribuera au développement économique et social du pays.
Un système de santé confronté à des défis majeurs
Le système de santé malien fait face à plusieurs défis. Selon la Commission d’organisation, le pays compte un ratio de 6 professionnels de la santé pour 10 000 habitants, alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande un ratio de 23 à 33 pour le même nombre d’habitants. Cette pénurie de personnel médical est exacerbée par une formation insuffisante et une répartition inégale des professionnels de santé sur le territoire.
Le financement du secteur de la santé est également problématique. En 2014, les dépenses totales de santé par habitant étaient de 108 dollars internationaux, représentant 6,9 % du produit intérieur brut (PIB). Cette allocation budgétaire est insuffisante pour répondre aux besoins croissants de la population. De plus, l’accès aux services de santé reste limité, avec seulement 36 % des ménages disposant d’installations sanitaires de base et 14 % ayant accès à des services élémentaires de lavage des mains.
Des infrastructures et équipements insuffisants
Les infrastructures de santé sont souvent vétustes et mal équipées. Cependant, des initiatives récentes, comme le projet « Accélérer les progrès vers la couverture sanitaire universelle » (PACSU), financé par la Banque mondiale, le Mécanisme de financement mondial (GFF) et les Pays-Bas, ont permis des avancées notables. Grâce à ce projet, la qualité des services est passée de 37 % à 81 %, la disponibilité des médicaments essentiels atteignant 87 %, et le niveau de satisfaction des bénéficiaires s’élevant à 90 %. Ces progrès ont été rendus possibles par le recrutement de 337 professionnels de santé locaux et la formation de 80 hauts fonctionnaires des ministères en charge de la santé, et des finances aux normes internationales du Financement basé sur la performance (FBP). Sur le plan des infrastructures, 697 nouveaux bâtiments ont été construits et 265 rénovés ou réhabilités.
Des recommandations pour une transformation en profondeur
Les recommandations issues des états généraux de la santé qui se sont déroulés du 17 au 19 décembre 2024, visent à pallier ces insuffisances. Elles préconisent une augmentation significative du nombre de professionnels de santé, une amélioration de leur formation et une meilleure répartition sur le territoire. Le financement du secteur doit être renforcé, notamment par des investissements accrus de l’État et des partenariats public-privé. La modernisation des infrastructures et des équipements est également essentielle pour garantir des soins de qualité.
Par ailleurs, le Mali a dévoilé un plan stratégique national de santé numérique 2024-2028, avec un budget prévisionnel de 35 millions de dollars, visant à intégrer les technologies numériques dans le système de santé pour améliorer l’accès et la qualité des services.
La réussite de ces réformes repose sur l’engagement de tous les acteurs du secteur de la santé. Les médecins, prestataires de soins, administrateurs, logisticiens et opérateurs techniques doivent coopérer efficacement avec les décideurs politiques pour apporter des réponses appropriées aux défis actuels. La mise en œuvre des recommandations des États généraux de la santé est une opportunité unique de transformer le système de santé malien et d’assurer un avenir meilleur pour la population.
MD/ac/Sf/APA