L’enquête est toujours au point mort, alors que ce samedi 7 septembre 2024 marque le premier anniversaire de l’attaque meurtrière du bateau Tombouctou, survenue dans la zone du Gourma Rharous, entre les régions de Tombouctou et Gao.
Un an après l’attaque tragique du bateau Tombouctou, qui a coûté la vie à des dizaines de civils et de militaires, l’enquête sur les responsabilités semble toujours au point mort. Malgré l’ouverture d’une enquête judiciaire et les vagues de condamnations internationales, les victimes et leurs familles attendent toujours que justice soit faite.
Le 7 septembre 2023, un bateau de transport civil escorté par des militaires maliens naviguait sur le fleuve Niger, reliant les villes de Tombouctou et Gao. Aux alentours de la zone du Gourma Rharous, connue pour être un foyer de violences liées à la présence de groupes armés, l’embarcation a été attaquée. Selon les premiers rapports, une embuscade bien coordonnée, combinant des tirs d’armes lourdes et de mortiers, a fait basculer ce qui devait être un trajet paisible en une scène d’horreur.
Le bilan officiel faisait état de 49 civils et 15 militaires tués, mais certaines sources locales évoquent un nombre de victimes bien plus élevé. L’Unicef a par ailleurs signalé que la majorité des victimes civiles étaient des enfants, ajoutant un drame supplémentaire à cette attaque. En l’absence d’une enquête concluante, les bilans exacts restent difficiles à établir avec précision.
Dès le lendemain de l’attaque, le 8 septembre 2023, le Procureur de la République du Pôle judiciaire spécialisé de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée annonçait l’ouverture d’une enquête. Celle-ci visait à « identifier, interpeller, poursuivre et traduire en justice les auteurs, coauteurs et complices » de cette attaque. Mais un an plus tard, aucune arrestation n’a été effectuée et aucune avancée significative n’a été communiquée au public.
Cette lenteur dans le processus judiciaire alimente un sentiment de frustration et d’abandon chez les familles des victimes et la population malienne. Les acteurs locaux et internationaux se questionnent sur la volonté ou la capacité des autorités à identifier et traduire en justice les responsables de cette attaque. De plus, des démentis publics émanant des principaux groupes armés présents dans la région n’ont fait qu’ajouter à la confusion. Le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (JNIM), tout comme le Cadre stratégique permanent pour la défense du peuple de l’Azawad (CSP-DPA), qui ont tous deux mené des offensives dans la région à cette époque, ont nié leur implication dans l’attaque.
L’attaque du bateau Tombouctou a rapidement suscité une vague d’indignation internationale. Des organisations de défense des droits humains, telles que la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) et Human Rights Watch (HRW), ont fermement condamné ces violences et exhorté les autorités maliennes à mener une enquête approfondie et transparente. Malgré ces pressions, les résultats concrets manquent cruellement.
Cette tragédie s’est déroulée dans un contexte de tensions aggravées par le retrait progressif de la MINUSMA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali) dont le retrait est effectif depuis le 31 décembre 2023. Le départ de cette force de maintien de la paix semble avoir laissé un vide sécuritaire dans des régions déjà instables, comme celle de Tombouctou, facilitant ainsi les incursions armées.
La situation s’est encore détériorée depuis la reprise des hostilités entre les forces armées maliennes et les rebelles du CSP-DPA, après la rupture du cessez-le-feu en août 2023. Ces affrontements interviennent alors que les régions septentrionales est toujours en proie à des attaques terroristes récurrentes, créant un climat d’insécurité généralisée qui rend difficile la conduite d’enquêtes judiciaires efficaces.
Outre l’enquête qui stagne, les rescapés de l’attaque se retrouvent dans une situation précaire, sans compensations adéquates pour les pertes subies. Certaines victimes, encore traumatisées par les événements, réclament des dédommagements financiers qui ne sont jamais arrivés. Des organisations de soutien humanitaire ont appelé à une aide urgente, mais à ce jour, les survivants n’ont pas reçu le soutien escompté à hauteur de souhait.
MD/Sf/ac/APA