Le gouverneur de la région de Ménaka, dans l’extrême nord du Mali, a ordonné la suspension des salaires de 151 enseignants en raison de leur absence prolongée et injustifiée.
La mesure de suspension de 151 enseignants a Ménaka, effective à partir du 1ᵉʳ avril 2025, intervient alors que la crise éducative s’aggrave dans la région malienne, avec 53 % des écoles non fonctionnelles, impactant 45 000 élèves et 900 enseignants.
Cette décision fait suite à plusieurs avertissements adressés aux enseignants concernés. Le 22 février 2025, une note officielle leur enjoignait de reprendre leur poste avant le 3 mars sous peine de sanctions. Face à l’absence de réaction, l’administration a appliqué la sanction, invoquant la nécessité de garantir la continuité du service public de l’éducation. Toutefois, les syndicats dénoncent une mesure arbitraire, arguant que l’insécurité persistante rend le retour des enseignants impossible.
Depuis plusieurs années, la région de Ménaka est confrontée aux violences des groupes armés terroristes, qui s’opposent à l’éducation dite « occidentale ». Les attaques et menaces contre les établissements scolaires et leurs personnels se multiplient, aggravant la fermeture des écoles. En juin 2024, sur 285 écoles répertoriées, 150 étaient déjà fermées, soit 53 %, une situation comparable à d’autres régions comme Tenenkou (64 % de fermetures), Taoudeni (48 %) et Douentza (46 %). À l’échelle nationale, 1 722 écoles sur 9 036 sont non fonctionnelles, privant 516 600 enfants d’éducation et affectant plus de 10 000 enseignants.
Les enseignants concernés soulignent que leur absence est principalement due aux conditions sécuritaires dégradées, aux menaces directes contre leur vie, à l’absence de services bancaires et aux infrastructures scolaires délabrées. Les syndicats appellent à des solutions concertées pour assurer leur sécurité avant d’exiger un retour en classe.
Avec une école sur deux fermée, la suspension de ces enseignants risque d’aggraver la crise éducative et d’accélérer l’exode des enseignants vers des zones plus sûres, compromettant davantage l’accès à l’éducation pour des milliers d’enfants. Si les autorités insistent sur la reprise du service, elles doivent également répondre aux défis sécuritaires et logistiques qui rendent l’enseignement difficile dans la région.
Cette crise s’inscrit dans un contexte budgétaire tendu. En 2024, le budget du ministère de l’Éducation nationale a été réduit de 458,34 milliards à 444,75 milliards de FCFA, limitant les capacités d’intervention de l’État.
Au-delà du Mali, la crise éducative touche l’ensemble du Sahel. Plus de 14 000 écoles sont fermées dans la région en raison de l’insécurité, privant des centaines de milliers d’enfants d’instruction. Au Burkina Faso, par exemple, environ 6 134 établissements étaient fermés en 2023, illustrant l’ampleur du défi auquel font face ces pays.
MD/te/Sf/APA