Le Mali est plongé dans un scandale financier d’une ampleur inattendue, remettant en cause la gestion des fonds publics alloués à la participation du pays aux Jeux Olympiques de Paris 2024.
Au cœur de la polémique qui secoue le milieu sportif quant à la gestion des JO de Paris, le Comité National Olympique et Sportif du Mali (CNOSM) et le ministère de la Jeunesse et des Sports sont en désaccord sur les montants réellement versés et la manière dont ils ont été utilisés.
Le ministère des Sports, dirigé par Abdoul Kassim Fomba, a initialement affirmé avoir mis à la disposition du CNOSM un montant global de 360 millions de FCFA pour la préparation et la participation du Mali aux Jeux de Paris. Cependant, le CNOSM, à travers son trésorier général Abdoulaye Coulibaly, a rapidement réfuté cette affirmation, déclarant que seulement 93 921 633 FCFA leur avaient été alloués, soit à peine 22 % du budget prévu.
Cette divergence a rapidement pris une tournure politique et médiatique, avec des accusations de mauvaise gestion de la part du ministère et des allégations de rétention de fonds. Selon le CNOSM, un budget initial de 420 millions de FCFA avait été soumis au ministère des Sports, mais celui-ci n’a transféré qu’une fraction des fonds demandés.
Le CNOSM a clairement indiqué qu’il ne gérait qu’une petite partie des fonds attribués et qu’il prévoyait de rembourser au Trésor public près de 12 millions de FCFA qui avaient été alloués en cas de qualification de l’équipe de football pour la deuxième phase du tournoi. Pour sa part, le ministère des Sports a affirmé que le Comité olympique avait reçu une somme suffisante pour assurer la préparation et la participation des athlètes.
Cette situation a suscité des interrogations sur la destination des fonds restants. Le Bureau du Vérificateur général du Mali et d’autres instances de contrôle envisagent de procéder à un audit approfondi des comptes du ministère des Sports afin de faire la lumière sur cette affaire et de déterminer si des détournements de fonds ont eu lieu.
Les faibles performances des athlètes maliens aux Jeux Olympiques ont déjà suscité des critiques et cette affaire risque de porter un coup supplémentaire à l’image du sport malien à l’échelle internationale.
Pour de nombreux observateurs, ce scandale est symptomatique d’un problème plus large de transparence et de gestion des ressources dans les instances gouvernementales. Le ministre Abdoul Kassim Fomba a souligné l’importance d’un suivi rigoureux des fonds publics, affirmant que « nul ne peut se prévaloir de son identité pour refuser de justifier l’argent public ». Il a appelé à une gestion plus responsable et transparente des ressources allouées au sport.
Alors que les appels à un audit indépendant se multiplient, l’opinion publique reste divisée. Certains soutiennent les actions du ministre des Sports, qui a cherché à faire la lumière sur les fonds manquants, tandis que d’autres dénoncent une gestion chaotique au sein du ministère, pointant du doigt les retards de transfert des fonds et un manque de coordination avec le CNOSM.
Le CNOSM, de son côté, se défend en affirmant avoir fait preuve de transparence en publiant des détails sur les dépenses engagées pour les Jeux. Toutefois, le comité devra répondre à des questions concernant l’utilisation précise des 93 millions de FCFA reçus ainsi que sur la planification des prochains grands événements sportifs.
En attendant, la communauté sportive malienne retient son souffle, espérant qu’une enquête indépendante apportera des réponses claires et contribuera à redorer l’image du sport malien à l’international.
MD/ac/Sf/APA