La visite du Chef de l’Etat malien en Russie intervient dans un contexte de rapprochement stratégique soutenu entre Bamako et Moscou. Cette 2e journée est marquée par la signature de trois accords majeurs en matière d’énergie nucléaire, de commerce et de sécurité.
Entamée la veille, dimanche 22 juin, la visite officielle du Président de la Transition du Mali, le général Assimi Goïta, s’est poursuivie ce lundi au Kremlin avec un tête-à-tête très attendu avec son homologue russe, Vladimir Poutine. Cette visite, qui doit durer cinq jours, intervient dans un contexte de rapprochement entre Bamako et Moscou, consolidé par des accords de coopération désormais étendus à des domaines hautement sensibles comme l’énergie nucléaire, le commerce, et la sécurité.
La journée du 23 juin a été marquée par la rencontre officielle entre les deux chefs d’État. Après des échanges en privé, les délégations malienne et russe ont procédé à la signature de trois accords majeurs. Le premier acte la création d’une commission intergouvernementale chargée de structurer la coopération bilatérale dans les domaines économique, scientifique, technique et commercial. Cet instrument est conçu pour faciliter les investissements russes au Mali, mais aussi pour permettre à Bamako de bénéficier de transferts de technologies, d’un accès plus structuré aux marchés russes, et de perspectives de coopération dans des filières de transformation industrielle.
Le deuxième accord, d’importance stratégique, porte sur l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire. Conclu avec la société publique russe Rosatom, il vise à soutenir la politique énergétique du Mali à travers un accompagnement technique à long terme. Dans un pays où le taux d’accès effectif à l’électricité reste inférieur à 45 % selon les données nationales, l’ambition est de développer des solutions énergétiques durables, allant de la formation de ressources humaines à la mise en place d’infrastructures spécifiques. Si le calendrier opérationnel n’a pas été détaillé, le texte prévoit des études préliminaires, des sessions de formation, ainsi qu’une coopération scientifique sur la gestion du cycle du combustible nucléaire.
Le troisième accord est un cadre général sur les relations bilatérales. Il réaffirme les principes de respect mutuel, de souveraineté, de non-ingérence et de solidarité politique. Cet instrument juridique vise à donner une assise durable au partenariat stratégique entre le Mali et la Russie. Il comprend un volet sécuritaire renforcé, avec des dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme et au renforcement des capacités nationales de défense. Depuis le départ du groupe Wagner, annoncé officiellement en mai 2025, la Fédération de Russie poursuit son appui au Mali à travers une nouvelle structure militaire dénommée Africa Corps, sous autorité directe du ministère russe de la Défense. Cette entité assure actuellement la formation de certaines unités, le soutien logistique et le partage de renseignements dans les régions du Centre et du Nord du Mali.
Le dossier minier s’est également invité dans les échanges. Une semaine après la pose de la première pierre du projet de raffinerie d’or à Sénou, en banlieue de Bamako, la partie malienne a réaffirmé sa volonté de contrôler davantage la chaîne de valeur aurifère nationale. Cette raffinerie, construite en partenariat avec la société russe Yadran, doit atteindre une capacité de 200 tonnes par an, soit quatre fois la production officiellement exportée en 2023. Ce projet soulève cependant des interrogations, notamment en l’absence de certification LBMA pour les raffineries russes, et en raison de la part de 38 % accordée à la société étrangère dans le capital de SOROMA-SA, la société conjointe mise en place. Pour les autorités, l’objectif est de créer un pôle industriel capable d’assurer la traçabilité, la fiscalisation et l’exportation directe de l’or raffiné.
Cette visite, bien qu’encore en cours, s’inscrit dans une dynamique assumée par les autorités de la Transition de diversification des partenariats, après la fin des missions françaises (août 2022) et de la MINUSMA (décembre 2023).
Dans ses propos, Vladimir Poutine a salué une coopération qu’il qualifie d’ancienne et stratégique, rappelant que plus de 10 000 cadres maliens ont été formés en Russie depuis 1960.
Pour sa part, le Président Goïta a exprimé la volonté du Mali de consolider ses liens avec la Russie « dans le respect de la souveraineté et dans l’intérêt des peuples ».
Le programme de la visite se poursuivra jusqu’au jeudi 26 ou vendredi 27 juin, avec d’autres rencontres prévues dans les secteurs industriels, technologiques et éducatifs.
MD/ac/Sf/APA