L’Ethiopie a averti mercredi que le passage de la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS) vers une nouvelle mission de soutien à la paix est lourde de dangers pour la région de la Corne de l’Afrique. Surtout avec le déploiement d’une présence militaire dans ladite zone.
Une mise en garde de L’Ethiopie, relativement à la présence militaire en Somalie, est survenue après l’arrivée mardi de deux avions militaires égyptiens C-130 à l’aéroport international d’Aden Adde à Mogadiscio, dans le cadre d’un pacte de défense entre Le Caire et Mogadiscio.
L’Egypte s’apprête à déployer quelque 10 000 soldats pour aider à stabiliser la Somalie, mais l’Ethiopie se méfie des implications d’une présence militaire égyptienne dans la région.
Les autorités de Mogadiscio ont clairement indiqué que les troupes éthiopiennes ne feraient pas partie d’une nouvelle opération de maintien de la paix après la fin de la mission ATMIS, prévue pour la fin de l’année.
Le président somalien Shiekh Hassan Mohamud s’est rendu récemment au Caire pour obtenir le soutien de son homologue Abdel Fattal El-Sisi dans le cadre d’un différend avec l’Ethiopie, déclenché par un accord controversé sur l’accès au port avec le Somaliland sécessionniste en janvier.
M. Mohamud a récemment annulé le troisième cycle de négociations organisé sous l’égide de la Turquie pour régler le différend avec l’Éthiopie.
La Somalie considère que l’accord sur le port du Somaliland porte atteinte à sa souveraineté et à son intégrité territoriale et a depuis lors sollicité l’aide de ses voisins, notamment de l’Egypte, qui est en conflit prolongé avec l’Ethiopie au sujet d’un barrage en cours de construction sur le Nil.
Le Caire estime que le barrage compromettrait sa part naturelle d’eau du plus long fleuve d’Afrique, une affirmation que l’Ethiopie a au contraire rejetée en la qualifiant d’inexacte et d’alarmiste.
L’Egypte et l’Ethiopie n’ont pas exclu d’entrer en guerre pour se prémunir contre toute remise en cause de leurs intérêts conflictuels sur le Nil.
Le ministère éthiopien des Affaires étrangères a déclaré mercredi dernier que toutes les parties qui préparent et autorisent une nouvelle mission de soutien à la paix pour remplacer l’ATMIS en Somalie doivent prendre en compte les préoccupations légitimes des pays de la région, en particulier des voisins qui fournissent des troupes pour tenir les insurgés d’Al-Shabaab à distance.
Sans citer nommément l’Egypte, les autorités d’Addis-Abeba ont réagi avec inquiétude au renforcement militaire de l’Egypte dans la Somalie voisine au nom d’une nouvelle mission de maintien de la paix.
« Les forces qui tentent d’attiser les tensions pour atteindre des objectifs futiles et à court terme doivent en assumer les graves conséquences. L’Ethiopie ne peut tolérer ces actions qui mettent en péril les progrès réalisés contre les groupes terroristes régionaux et internationaux », a déclaré le ministère des affaires étrangères.
Alors que l’Union africaine et les Nations Unies se préparent à la transition, la région entre dans des eaux inconnues, a averti le ministère.
Les appels répétés de l’Ethiopie et d’autres pays contributeurs de troupes n’ont pas été pris au sérieux, alors qu’on attend d’Addis-Abeba qu’elle ignore les déclarations hostiles et les tentatives continues de saper les sacrifices de ses forces de défense en faveur de la paix et de la stabilité dans la région.
« L’Ethiopie ne peut rester inactive alors que d’autres acteurs prennent des mesures pour déstabiliser la région. L’Éthiopie surveille attentivement les développements dans la région qui pourraient menacer sa sécurité nationale », ajoute le communiqué du ministère.
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