Les présidents du Niger, du Mali et du Burkina se sont réunis ce samedi 6 juillet à Niamey à l’occasion du premier sommet de l’Alliance des Etats du Sahel.
Lors du premier sommet des chefs d’Etat de l’Alliance des États du Sahel (AES) à Niamey le 6 juillet, le capitaine Ibrahim Traoré du Burkina Faso, le colonel Assimi Goïta du Mali, et le général Abdourahmane Tiani du Niger, ont prononcé des discours, marquant leur engagement envers la souveraineté et l’indépendance de leurs nations respectives, tout en mettant en avant la solidarité entre leurs peuples.
Premier a prendre la parole, le capitaine Ibrahim Traoré a débuté son discours en dénonçant l’héritage colonial et l’exploitation continue de l’Afrique par les puissances impérialistes : « L’Afrique, ce continent qui a tant souffert et qui continue de souffrir du fait des impérialistes. Ces impérialistes n’ont qu’un seul cliché en tête. L’Afrique est l’empire des esclaves. » Traoré a critiqué les élites locales qu’il qualifie d’« esclaves de salon » qui trahissent leur propre peuple au profit des anciens colonisateurs.« Ces valets locaux que nous allons qualifier aujourd’hui d’esclaves de salon n’ont d’autre repère que de chercher à vivre comme le maître, à satisfaire le maître et à faire tout ce que le maître lui dicte », a-t-il ajouté sous les applaudissements de l’assistance.
Le président burkinabè a souligné la nécessité de prendre le contrôle des ressources naturelles africaines et de ne plus permettre leur exploitation par des puissances étrangères sans bénéfices pour les populations locales. « Lorsque nous prenons le cas du Niger, depuis plus de 40 ans, certains pays exploitent l’uranium pour produire de l’énergie chez eux… Mais au Niger, c’est l’obscurité qui nous a servi », a-t-il fait noter. Il a appelé à une révolution pour assurer la véritable indépendance et liberté des États africains : « Nous allons nous battre pour l’indépendance réelle, pour notre liberté. »
Pour sa part, le colonel Assimi Goïta a mis en avant l’importance de l’AES pour la sécurité régionale : « Dès les premiers jours qui ont suivi cet événement historique, les résultats ont été visibles sur le terrain… notre alliance a très tout de suite traduit en action l’architecture de défense collective et d’assistance mutuelle. » Il a souligné l’efficacité de la collaboration militaire dans la lutte contre le terrorisme, illustrée par des opérations conjointes réussies et le retour de l’État dans des zones précédemment occupées par des groupes armés. « La meilleure illustration de cette avancée sécuritaire est le retour de l’État, des administrations et des populations dans des localités longtemps, bien trop longtemps occupées par les groupes armés terroristes », s’est-il félicité.
Le colonel Goïta a également insisté sur la nécessité de la libre circulation des personnes et des biens au sein de l’AES : « Une AES dans laquelle les Burkinabè et les Nigériens seront chez eux au Mali et inversement. Sans aucune forme de barrière bureaucratique. » Il a souligné les progrès réalisés par les ministres des trois pays pour harmoniser les politiques publiques et développer des infrastructures communes.
Le général Abdourahmane Tiani a qualifié l’événement de « solennel et historique » et a affirmé que l’AES est le fruit d’une volonté commune de reconquête de la souveraineté nationale et de réhabilitation de la dignité. « Le sommet objet de notre retrouvaille aujourd’hui est l’aboutissement de notre farouche volonté commune de reconquête de notre souveraineté nationale et de réhabilitation de notre dignité légendaire », a-t-il rappelé. Il a remercié ses homologues pour leur solidarité face aux menaces extérieures, notamment lors de l’« agression projetée » par la Cédéao contre le Niger.
Le chef de l’Etat nigérien a soutenu que les populations ont « irrévocablement tourne le dos à la Cédéao », exhortant ses pairs à faire de la Confédération de l’AES une « alternative à tout regroupement régional factice en construisant une communauté souveraine des peuples, éloignée de la mainmise des puissances étrangères, une communauté de paix, de solidarité, de prospérité basée sur nos valeurs africaines ».
Le chef de l’Etat nigérien a, pour finir, marqué son « accord solennel » à la création de la Confédération de l’AES ». Il approuvé également « le projet de règlement intérieur du collège des chefs d’Etat de la Confédération », engageant son pays à « œuvrer inlassablement à la bonne marche de notre confédération.»
AC/sf/APA