Le Fonds monétaire international (FMI) a révélé que l’économie de l’Afrique subsaharienne ralentira à 3,6 % cette année et rebondira à 4,2 % en 2024.
Dans ses perspectives économiques régionales publiées vendredi, l’institution financière mondiale a déclaré que l’économie régionale est touchée par un « important resserrement des financements », lié au tarissement de l’aide et de l’accès au financement privé.
« La croissance économique devrait ralentir avant de rebondir à 4,2 % en 2024, conformément à la reprise mondiale, à la baisse de l’inflation et à la diminution du resserrement de la politique monétaire », a déclaré le FMI dans un rapport.
Ce sera la deuxième année consécutive que l’Afrique subsaharienne enregistre un taux de croissance inférieur à celui de l’année précédente.
La croissance dans la région varie d’un pays à l’autre, certains, en particulier ceux de la Communauté de l’Afrique de l’Est, ou les pays à forte intensité de ressources non pétrolières, devant s’en sortir mieux que d’autres.
« Mais certaines grandes économies font baisser le taux de croissance moyen de l’Afrique subsaharienne, comme l’Afrique du Sud, où la croissance devrait fortement ralentir pour atteindre seulement 0,1 % en 2023 », a déclaré Abebe Aemro Selassie, directeur du département Afrique du FMI.
Selon M. Selassie, « la dette publique et l’inflation ont atteint des niveaux inégalés depuis des décennies, avec une inflation à deux chiffres dans la moitié des pays», érodant « le pouvoir d’achat des ménages et frappe les plus vulnérables ».
Selon les perspectives économiques, le resserrement rapide de la politique monétaire mondiale a augmenté les coûts d’emprunt pour les pays d’Afrique subsaharienne, tant sur les marchés nationaux qu’internationaux.
La décision de la Réserve fédérale américaine de relever agressivement les taux a porté le taux de change effectif du dollar à son plus haut niveau depuis 20 ans l’année dernière.
Cette situation a alourdi le fardeau des paiements du service de la dette libellée en dollars, a déclaré le FMI, ajoutant que les paiements d’intérêts en tant que part des recettes ont doublé pour les pays moyens d’Afrique subsaharienne au cours de la dernière décennie.
Selon les perspectives économiques régionales du FMI, la diminution des budgets d’aide et la réduction des apports des partenaires entraînent une forte baisse de financement pour la région.
Si aucune mesure n’est prise, cette absence de financement pourrait contraindre les pays à réduire les ressources fiscales destinées à des activités de développement essentielles telles que la santé, l’éducation et les infrastructures, empêchant ainsi la région de développer son véritable potentiel.
Le FMI a assuré qu’il était prêt à soutenir les pays membres, affirmant que le Fonds avait fourni plus de 50 milliards de dollars par le biais de programmes, de financements d’urgence et d’allocations de droits de tirage spéciaux entre 2020 et 2022.
Le mois dernier, le prêteur mondial a déclaré avoir conclu des accords de prêt avec 21 pays et que d’autres demandes de programmes étaient en cours d’examen.
Les responsables du FMI ont également déclaré que l’Afrique subsaharienne était loin d’être impuissante, en mettant en avant quatre politiques qui, selon eux, peuvent aider à surmonter les turbulences actuelles.
Le directeur du département Afrique du FMI milite pour l’assainissement des « finances publiques » et le renforcement « de la gestion des finances publiques dans des conditions de financement difficiles ».
A l’en croire, « la politique monétaire doit être menée avec prudence jusqu’à ce que l’inflation soit fermement engagée sur une trajectoire descendante et qu’il soit prévu qu’elle revienne dans la fourchette cible de la banque centrale ».
Il plaide aussi pour le réajustement du taux de change, tout en atténuant les effets négatifs sur l’économie, y compris la hausse de l’inflation et de la dette due aux dépréciations de la monnaie.
MG/abj/lb/ac/APA