L’extrême Nord ivoirien accueille des milliers de Burkinabè déplacés sur la ligne frontalière, en raison de la menace terroriste à laquelle fait face le Burkina Faso.
A l’occasion de la commémoration de la Journée africaine des frontières (JAF), la Commission nationale des frontières de Côte d’Ivoire (CNFCI) a réuni, ce jeudi 6 juin 2024, les acteurs frontaliers afin de renforcer la cohabitation pacifique.
Le village de Tougbo, situé dans l’extrême nord ivoirien, à la frontière avec le Burkina Faso, a abrité cette journée autour du thème : « Renforcer la coopération transfrontalière, la cohésion sociale et la cohabitation pacifique aux frontières ».
La Journée africaine des frontières (JAF) vise à sensibiliser les acteurs frontaliers sur les thématiques en lien avec la gestion des frontières et à promouvoir la coopération transfrontalière auprès des populations autochtones et allogènes.
Pour le préfet de Région du Bounkani, M. Yacouba Doumbia, cette journée prend toute son importance au regard du contexte actuel de la sous-région, marqué par les défis sécuritaires importants avec la menace grandissante des groupes armés terroristes, notamment au Burkina Faso.
Selon le préfet de la Région du Bounkani est confrontée à un afflux de demandeurs d’asile fuyant les conflits et les persécutions dans leur pays d’origine. Une situation qui montre l’impératif de faire preuve de solidarité, d’hospitalité et de veiller à la sécurité et au bien-être des populations.
Dans ce contexte, dira-t-il, la Journée africaine des frontières permet de promouvoir une meilleure gestion des frontières, de renforcer la coopération transfrontalière et de favoriser l’intégration régionale ainsi que le contrôle du flux des personnes et des biens.
Les populations vivant de parts et d’autres des frontières partagent, d’ailleurs, des liens familiaux pour la plupart. Le préfet de région a invité tous les acteurs impliqués dans la gestion des frontières à vivre ensemble dans la paix, la solidarité et la prospérité partagée.
Le secrétaire exécutif de la CNFCI, M. Diakalidia Konaté, a expliqué que la sous-préfecture de Tougbo a été choisie pour abriter cette journée afin de réaffirmer la solidarité de l’État ivoirien aux populations résidentes qui subissent les effets de la situation sécuritaire que connaît les pays du Sahel.
« Je peux vous informer que le tracé théorique de cette frontière a été à 75% adopté. Une prochaine rencontre des experts et une mission terrain sont en vue pour parvenir à l’adoption définitive de ce tracé théorique de la frontière Côte d’Ivoire-Burkina », a-t-il annoncé.
Ensuite, a-t-il demandé aux populations d’être patientes et d’éviter toute action pouvant mettre à mal la cohésion sociale dans leur espace frontalier et à faire confiance aux deux États pour que la « question sur le tracé de notre frontière commune aboutisse très bientôt sans incidents de part et d’autre. »
« Le tracé de la frontière n’est qu’une ligne pour montrer les limites de souveraineté des Etats, mais ne doit pas entacher la poursuite des relations de bon voisinage, de cohabitation pacifique, du vivre-ensemble, du renforcement des alliances et des liens de parenté entre les deux peuples », a conseillé M. Konaté.
Il a fait savoir qu’un cadre de concertation entre les autorités préfectorales, administratives, militaires et coutumières des deux pays sera mis en place. Ainsi, en cas de survenance d’un problème ou d’un conflit, « les populations ne doivent pas se faire justice, mais doivent se référer aux autorités de leurs pays qui, à leur tour, vont entrer en contact avec leurs homologues. »
Le porte-parole de la population locale, M. Dah Koko a témoigné de la cohabitation pacifique qui règne entre les différentes communautés vivant à Tougbo. Il a sollicité la construction de la sous-préfecture, une brigade de gendarmerie, un point pour abreuver leurs animaux et l’amélioration de la qualité du réseau téléphonique.
Quant au représentant de la communauté Burkinabé, M. Ouattara Fatiél, il a soutenu que le vivre ensemble entre les deux communautés tout au long de la frontière et à Tougbo est une réalité avec la contribution de l’administration centrale.
La Journée africaine des frontières est commémorée le 7 juin de chaque année. Outre Tougbo, elle se déroulera dans le mois de juin dans quatre autres localités frontalières, notamment à Damé (Agnibilékrou), Débété (Tengrela), Gbéléban et Tiobly dans le département de Toulepleu.
AP/APA