La course effrénée aux infrastructures de mobilité modernes fait rage en Afrique et dans le monde, le Maroc entend s’imposer comme un acteur incontournable du transport ferroviaire en Afrique.
En prévision de la Coupe du monde 2030, que le pays coorganisera avec l’Espagne et le Portugal, les enjeux de mobilité s’avèrent cruciaux. L’objectif est clair : doter le pays d’un réseau performant, à la hauteur des standards internationaux, et asseoir son leadership continental en matière de transport ferroviaire.
Fort de sa position géographique idéale, le Maroc ambitionne de devenir un carrefour ferroviaire reliant l’Europe, le Maghreb et l’Afrique subsaharienne. Le Plan Rail Maroc 2040 constitue l’axe central de cette transformation avec des investissements colossaux visant l’extension du réseau à grande vitesse (LGV) sur 1 500 km et l’acquisition de 168 nouveaux trains pour moderniser l’offre de transport.
L’Office national des chemins de fer (ONCF) a ainsi mis en place un programme ambitieux, marqué notamment par l’expansion du réseau de lignes conventionnelles et le développement du projet Al-Boraq, première LGV africaine, qui déjà relie Tanger à Kénitra. L’extension prévue jusqu’à Marrakech, via Casablanca, devrait renforcer la connectivité du pays et stimuler son développement économique.
L’impact de ce projet est multiple. En termes environnementaux, le Plan Rail Maroc 2040 s’inscrit dans une dynamique de mobilité durable avec des trains alimentés à 90 % par des énergies renouvelables. L’objectif est de réduire les émissions de CO2 d’un million de tonnes par an et de décongestionner le réseau routier, limitant ainsi le nombre d’accidents mortels (environ 500 vies sauvées annuellement).
Sur le plan économique, le projet devrait créer 720 millions de journées de travail, mobiliser plus de 1 000 entreprises marocaines et permettre l’essor d’un écosystème industriel local grâce à un taux d’intégration de plus de 60 %. La nouvelle ligne à grande vitesse entre Kénitra et Marrakech, longue de 430 km et exploitée à une vitesse de 320 km/h, représente un investissement de 53 milliards de dirhams. Elle connectera cinq des régions les plus dynamiques du pays, regroupant 59 % de la population et 67 % du PIB national.
Le plan inclut également un service de proximité de type RER, la construction de cinq nouvelles grandes gares et la rénovation de 25 autres, tout en prévoyant l’acquisition de 18 trains à grande vitesse, 20 trains pour les liaisons nationales, 60 trains-navettes rapides et 50 rames destinées aux services RER.
Le programme « Cap 2030 » ambitionne de quadrupler l’offre ferroviaire avec un réseau de 1 300 km de nouvelles voies ferrées et un réseau express régional de 220 km, desservant quotidiennement 1 000 trains. L’objectif est d’atteindre une couverture de 73 % de la population et de relier stratégiquement les infrastructures aéroportuaires et les stades de la Coupe du monde, renforçant ainsi l’attractivité du pays.
MK/ac/APA