Face aux dégâts causés par le stupéfiant appelé « kush », la Cédéao entend mobiliser un « soutien ciblé » en faveur de la Sierra Leone pour éviter un aggravement de la situation.
Après avoir fait des ravages chez des jeunes en Sierra Leone, la consommation du « kush » commence à s’exporter dans d’autres pays ouest-africains. Elle inquiète gouvernants et parents en Guinée, au Libéria et maintenant au Sénégal, où des « trafiquants étrangers » ont été arrêtés ces derniers jours.
L’inquiétude des autorités est causée par les dernières découvertes sur la composition de cette nouvelle drogue de synthèse. D’après certains scientifiques, elle contient des substances chimiques dangereuses et des tissus d’ossements humains. Une explication qui fait froid dans le dos et attire depuis lors l’attention du public sur les effets néfastes du « kush » sur la santé mentale des consommateurs.
En Sierra Leone, l’un des pays les plus pauvres de la région ouest-africaine, plusieurs jeunes désœuvrés se tournent vers la consommation de ce stupéfiant pour tuer l’ennui. Des bidonvilles aux rues plus huppées de la capitale Freetown, où il est apparu il y a environ cinq ans, les consommateurs sont reconnus par leur somnolence et leur démarche.
Ces derniers sont surnommés « zombies », des personnes addictes qui ne perturbent pas la communauté à l’opposé des cas critiques dont la prise en charge peut paraître complexe dans l’unique hôpital psychiatrique du pays : l’Hôpital psychiatrique universitaire de la Sierra Leone. Sa mission est de sevrer, dans des conditions difficiles, les toxicomanes amenés par leurs proches.
Toutefois, au mois de mars 2024, des dizaines de jeunes toxicomanes ont été tués par cette drogue en Sierra Leone, faisant de sa consommation un véritable problème de santé publique, selon le journal sénégalais L’Observateur, qui a consacré mercredi dernier un article à ce sujet.
Le quotidien s’est entretenu avec des responsables des forces de l’ordre qui mènent une lutte farouche contre les individus qui tentent d’implanter un réseau de trafic du « kush » au Sénégal. Certains de ces trafiquants, issus pour la plupart de pays de la sous-région, ont été arrêtés ces derniers jours, indique le journal.
Face à la menace qui pèse sur les autres pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao), le Réseau épidémiologique ouest-africain sur la consommation de drogues (Wendu) s’est réuni récemment à Abuja, au Nigéria, pour valider des données et relever les défis régionaux en matière d’abus de drogues. L’atelier, qui s’est tenu du 23 au 25 avril 2024, a permis de réaffirmer l’engagement de l’institution régionale à soutenir la Sierra Leone dans le cadre de son programme d’urgence en matière de lutte contre la toxicomanie liée à l’utilisation du « kush ».
« Si nous nous concentrons aujourd’hui sur le renforcement de la capacité de l’ensemble de notre région à gérer les problèmes liés à la drogue, nous sommes particulièrement attentifs aux graves problèmes auxquels est confrontée la Sierra Leone. Nous suivons de près la situation et nous nous engageons à mobiliser un soutien ciblé dans le cadre de notre stratégie régionale », a souligné Sintiki Tarfa Ugbe, directrice des affaires humanitaires et sociales de la Cédéao, qui veut impulser une approche de lutte qui puisse garantir une communauté ouest-africaine « plus saine et plus sûre ».
ODL/ac/APA