Le président bissau-guinéen Umaro Sissoco Embaló a officiellement annoncé sa candidature à un second mandat, dans un contexte de tensions extrêmes après l’expulsion de la mission de la Cédéao et alors que l’opposition estime que son mandat présidentiel a expiré.
Umaro Sissoco Embaló a annoncé sa candidature à la présidentielle du 30 novembre. De retour, lundi soir, d’un voyage en Russie, en Azerbaïdjan et en France, le président bissau-guinéen a déclaré à l’AFP qu’il compte remporter l’élection dès le premier tour.
« Je serai candidat et je gagnerai au premier tour », a assuré le président, alors que la Guinée-Bissau traverse une période de forte tension politique suite à l’interruption de la mission de la Cédéao et de l’UNOWAS, contrainte de quitter le pays samedi dernier face à des menaces d’expulsion proférées par le chef de l’État lui-même.
« Une situation qui peut déraper à tout moment »
Dans un entretien accordé au journaliste Júlio Veracruz Martins lundi, Domingos Simões Pereira, président de l’Assemblée nationale dissoute, a évoqué une situation qui pourrait « déraper à tout moment ».
« Nous continuons à faire face à une situation politique qui peut, malheureusement, déraper à quelque moment que ce soit. C’est un cadre politique défini par l’incertitude, ce que tous les pays qui aspirent à vivre en paix et stabilité tentent d’éviter », a déclaré le leader de la coalition PAI-Terra Ranka.
Au cœur de la crise actuelle se trouve la question du mandat présidentiel. Selon Simões Pereira, le mandat du président Embaló a expiré le 27 février dernier : « Il a commencé à exercer son mandat à partir du 27 février 2020. Si son mandat est de 5 ans, comment peut-il y avoir des doutes sur le fait qu’il ait atteint la fin de son mandat le 27 février 2025 ? »
Un parcours marqué par les tensions
Élu en 2020 dans un scrutin vivement contesté par l’opposition, Umaro Sissoco Embaló a dirigé le pays dans un climat d’instabilité politique. En décembre 2023, il a dissous l’Assemblée nationale, dominée par l’opposition, après des affrontements armés qu’il a qualifiés de tentative de coup d’État.
Il avait initialement fixé les législatives anticipées au 24 novembre 2024 avant de les reporter sine die, invoquant des contraintes logistiques et financières. Finalement, le président a annoncé le 23 février que la présidentielle et les législatives auront lieu le 30 novembre 2025, une décision qualifiée d’« incohérence sur toute la ligne » par le président du Parlement dissous, qui conteste également la légalité de cette dissolution.
Appel au dialogue et menaces d’intervention internationale
Face à cette situation, Simões Pereira appelle à l’établissement d’une « plateforme élargie de dialogue interne » regroupant tous les partis politiques et la société civile. « Il est important que la Commission permanente de l’Assemblée nationale puisse agréger toutes les forces politiques, sociales et de toute autre nature dans la recherche des consensus nécessaires », a-t-il souligné.
Interrogé sur les menaces qui pèsent sur sa personne, Domingos Simões Pereira a évoqué une situation qui a touché « tous les citoyens bissau-guinéens qui ont assumé durant ces cinq années la liberté de défendre ce en quoi ils croient ».
La Commission permanente de l’Assemblée nationale décidera lors de sa prochaine réunion d’une éventuelle demande d’intervention de l’Union africaine et de la Cédéao, alors que cette dernière a vu sa mission de médiation expulsée du pays sur ordre du président Embaló, qui a dénoncé toute ingérence étrangère dans les affaires internes de la Guinée-Bissau.
AC/Sf/APA