Le dernier scrutin en Gambie a provoqué le plus grand choc électoral à ce jour, après que l’opposition principale a remporté toutes les municipalités clés, y compris la capitale du pays, obtenant ainsi le plus grand nombre de voix. Un choc.
Le scrutin du 20 mai a été considéré comme un nouveau test de la popularité du président Adama Barrow, dont le Parti national du peuple (NPP) avait obtenu des résultats inférieurs aux attentes lors des élections à l’assemblée nationale l’année dernière.
Cet exercice intervient un mois après que l’élection des conseillers locaux ait été marquée par une forte participation du Parti démocratique uni (UDP, sigle anglais), qui a connu une sorte de renouveau politique depuis que son leader permanent, Ousainou Darboe, s’est incliné lors de la présidentielle, au profit de son ancien allié, le président Barrow.
Les Gambiens votent en utilisant des billes de cristal glissées dans des tambours ornés des couleurs des partis politiques et des photos d’identité de leurs candidats.
Selon les derniers chiffres en provenance des urnes, le parti au pouvoir, le NPP, et le principal parti d’opposition, le United Democratic Party, se sont partagé les voix, en remportant chacun quatre municipalités sur les huit sièges à pourvoir lors de l’élection des maires et des présidents de collectivités territoriales.
Cependant, c’est l’UDP, en pleine liesse, qui est sorti de l’élection en affichant un air de triomphe, avec un total cumulé de 209 465 voix au niveau national, devant le NPP qui n’a pu rassembler qu’un triste total de 194 247 voix au niveau national.
Ainsi, le NPP a dû panser ses « blessures électorales » après que les candidats du parti au pouvoir ont perdu de manière cruciale dans les zones urbaines de Banjul, la capitale, les municipalités les plus densément peuplées de Kanifing et Brikama et la zone administrative de Mansakonko.
Contre les attentes démesurées des fidèles du parti, le NPP n’a pu s’emparer que des quatre sièges non urbains de Kerewan, Kuntaur, Janjanbureh et Basse, faisant écho aux critiques selon lesquelles il s’agissait d’une force politique autrefois urbaine, aujourd’hui reléguée à un vernis rural.
Cela a été un choc quand on sait qu’au cours des dernières semaines, le président Barrow s’est personnellement investi dans la campagne au profit du NPP pour empêcher les candidats de son ancien parti, l’UDP, de remporter des municipalités urbaines considérées comme cruciales pour la consolidation de sa base de pouvoir politique.
L’Organisation du peuple pour l’indépendance et le socialisme (PDOIS) n’a recueilli que 3.796 voix, le Congrès démocratique de Gambie (GDC) 2.614 voix, l’ancien parti au pouvoir, le Parti progressiste du peuple (PPP) 2.023 voix et la Gambie pour tous (GFA) 1.227 voix.
Les candidats indépendants qui ont participé au scrutin ont recueilli 44.974 voix.
Nombreux sont ceux qui interprètent les résultats des dernières tendances comme une condamnation collective retentissante de la direction du président Barrow par les électeurs des zones urbaines, où le désenchantement général face à l’aggravation de la pauvreté, de la corruption, de l’augmentation du coût de la vie, de l’insécurité et de la stagnation économique s’est accru au cours des dernières années.
« Les résultats montrent que les électeurs sont tous mécontents des dirigeants du pays », a déclaré un électeur qui a indiqué que, bien qu’il ait voté pour le président Barrow lors de l’élection présidentielle d’il y a près de deux ans, il n’a pas pu se résoudre à voter pour ses candidats triés sur le volet lors des scrutins ultérieurs.
C’est un sentiment qui prévaut dans certaines parties de la société gambienne aujourd’hui et qui pourrait bien être un avant-goût des choses à venir pour le président Barrow et son gouvernement s’ils ne changent pas le cours des choses pour les Gambiens mécontents dans les années qui précèdent 2026, lorsque le prochain cycle électoral commencera avec un vote présidentiel.
L’opposition cherchait à consolider ses gains lors des élections à l’Assemblée nationale et au gouvernement local, en particulier à Banjul et à Kanifing où les deux sortants (Rohey Malick Lowe et Talib Bensouda respectivement) sont des membres de l’UDP qui ont été réélus.
Dans le passé, les élus aux échelons inférieurs de l’autorité gouvernementale étaient généralement confrontés à des intrigues politiques et à des goulots d’étranglement provenant des ministères, ce qui a entravé les affaires municipales et les efforts de développement en Gambie pendant des dizaines d’années.
On craignait que le taux de participation soit aussi faible que lors des élections locales du mois dernier.
Au moins 962.157 Gambiens ont été enregistrés par la Commission électorale indépendante pour participer au dernier cycle électoral qui a commencé avec le vote présidentiel en décembre 2021.
WN/as/fss/ac/APA