Le maintien de l’interdiction des mutilations génitales féminines en Gambie est une bonne nouvelle, mais il devrait s’accompagner d’une action visant à en éradiquer les causes profondes, a déclaré un haut responsable d’Amnesty International (AI).
Samira Daoud, Directrice régionale d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, a réagi au rejet par le Parlement gambien d’un projet de loi visant à abroger la loi de 2015 sur les femmes (portant amendement), qui interdit les mutilations génitales féminines (MGF), déclarant que cette décision représentait une étape importante dans les efforts déployés par le pays pour sauvegarder les droits des filles et des femmes.
« Il était essentiel que ces progrès soient protégés… Cependant, depuis l’interdiction en 2015, seuls deux cas ont fait l’objet de poursuites et la première condamnation pour avoir pratiqué des mutilations génitales féminines n’a été prononcée qu’en août de l’année dernière », a déclaré Samira Daoud dans un communiqué, peu après que les députés gambiens avaient voté en faveur du maintien de l’interdiction.
Mme Daoud a ajouté que la tentative d’abrogation de la loi « est un signal d’alarme démontrant que des mesures doivent être prises pour sensibiliser la population aux droits des femmes et à la nécessité d’éradiquer ces pratiques préjudiciables ». Selon elle, « le devoir de diligence exige une prévention, une protection et une réparation efficaces, et pas seulement une criminalisation ».
Elle suggère qu’outre l’interdiction des MGF, les autorités gambiennes doivent faire davantage pour faire appliquer la loi et adopter des mesures qui s’attaquent aux causes profondes du problème afin de changer les attitudes et les normes et en vue de l’autonomisation des femmes et des filles.
Selon Amnesty International, citant des chiffres de l’UNICEF, environ 76% des filles et des femmes âgées de 15 à 49 ans ont subi des mutilations génitales féminines en Gambie, et trois filles sur quatre en ont fait l’expérience avant l’âge de 6 ans.
La Gambie est signataire de conventions internationales qui défendent et protègent les droits des femmes et des filles, notamment la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et la Convention relative aux droits de l’enfant.
La Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant stipule spécifiquement que les gouvernements doivent prendre toutes les mesures appropriées pour éliminer les pratiques sociales et culturelles néfastes, y compris les mutilations génitales féminines.
WN/as/fss/ac/APA