Le Chef de l’État sénégalais s’est alarmé des graves irrégularités relevées dans le rapport d’audit de la Cour des Comptes sur la gestion des finances publiques de 2019 à 2024, marquée par une forte détérioration du déficit budgétaire et un endettement public critique. Des mesures correctives immédiates ont été ordonnées.
Au Sénégal, une part importante du Conseil des ministres du mercredi 12 février a été consacrée à l’examen du rapport d’audit de la Cour des Comptes concernant la situation des finances publiques de 2019 au 31 mars 2024, transmis par le Premier Président de cette institution supérieure de contrôle. Ce document, basé sur des principes de transparence, offre une vue claire et exhaustive de la situation des finances publiques sur cette période et met en lumière plusieurs manquements graves qui nécessitent des actions immédiates.
L’audit révèle une situation particulièrement préoccupante concernant les déficits budgétaires, qui ont connu une progression alarmante ces dernières années. Le déficit est passé de 9,85% en 2019 à 9,17% en 2020, puis a grimpé à 11,47% en 2021, pour atteindre 12,65% en 2022, avant de se stabiliser à 12,30% en 2023. Cette dégradation s’est accompagnée d’une augmentation tout aussi inquiétante du taux d’endettement public, qui a progressé de 65,59% du PIB en 2019 à 99,67% en 2023, en passant par 75,50% en 2020, 83,58% en 2021 et 86,62% en 2022.
Le rapport pointe plusieurs irrégularités majeures dans la gestion des finances publiques. Des rattachements irréguliers de recettes ont été identifiés, certaines ayant été comptabilisées sur des exercices antérieurs, ce qui a faussé la réalité du déficit budgétaire. Des dépenses importantes, notamment celles financées sur ressources extérieures, n’ont pas été correctement retracées dans les documents comptables et budgétaires. L’utilisation irrégulière des comptes spéciaux du Trésor et des transferts budgétaires sans justification claire ont également été relevés.
La gestion de l’endettement public fait l’objet de critiques particulières. Des emprunts ont été contractés en excès, entraînant un sur-financement partiellement utilisé pour des dépenses sans couverture budgétaire. L’absence de rapport exhaustif sur les dépenses fiscales pour les années 2022 et 2023 constitue par ailleurs une violation des directives de l’UEMOA qui exigent une évaluation régulière des exonérations fiscales.
Face à ces constats alarmants, le dirigeant sénégalais a ordonné une série de mesures conservatoires et correctives immédiates. Il a notamment exigé la fin des rattachements irréguliers de recettes et la mise en place d’une comptabilisation transparente et régulière de toutes les recettes et dépenses. Un audit approfondi sera réalisé pour réconcilier les écarts observés dans la gestion des dépenses financées par des ressources extérieures, tandis que la gestion des comptes spéciaux du Trésor fera l’objet d’une réforme pour garantir des transferts budgétaires conformes et transparents.
La politique d’endettement de l’État sera également revue pour éviter tout emprunt excessif et améliorer la gestion du sur-financement. Le Président Faye a insisté sur la nécessité de produire et publier les rapports sur les dépenses fiscales dans les délais légaux, conformément aux directives de l’UEMOA.
Le Chef de l’État sénégalais a chargé le Premier Ministre, Ousmane Sonko et le Ministre des Finances et du Budget, Cheikh Diba de veiller à la mise en œuvre stricte de ces réformes, jugées indispensables pour restaurer une gestion exemplaire des finances publiques et garantir la stabilité économique du pays.
AC/APA