Une délégation congolaise comprenait le Haut représentant du président Tshisekedi, était à Nairobi dans l’objectif de discuter des options pour désamorcer la crise dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), dans le cadre des initiatives régionales de paix.
Alors que la tension monte dans la région des Grands Lacs avec la prise de Bukavu par les rebelles du M23, une délégation de haut niveau dépêchée par le président Félix Tshisekedi s’est rendue à Nairobi pour rencontrer le président kényan William Ruto, en sa qualité de président en exercice de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC).
Conduite par l’ancien vice-Premier ministre et député Lambert Mende, la délégation congolaise comprenait le Haut représentant du président Tshisekedi, Sambu Mambu, ainsi que le ministre des Travaux publics Alexis Gisaro et le ministre du Commerce Julien Paluku. L’objectif était clair : discuter de l’escalade du conflit et des mesures à envisager, dans le cadre des décisions prises lors du Sommet conjoint EAC-SADC de Dar es-Salaam et de la réunion du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine à Addis-Abeba.
« Nous avons abordé les options sur la voie à suivre pour restaurer la paix dans l’Est de la RDC, conformément aux engagements régionaux », a déclaré William Ruto à l’issue des échanges.
Cette rencontre intervient alors que Kigali et Bruxelles sont engagés dans une nouvelle passe d’armes diplomatique. Le Rwanda a annoncé mardi la suspension de son programme d’aide bilatérale avec la Belgique, en réaction aux déclarations du ministre belge des Affaires étrangères, Maxime Prévot, qui a évoqué la possibilité de « mettre un terme au programme de coopération » avec Kigali.
La tension entre les deux pays s’est cristallisée lors de la Conférence sur la sécurité à Munich, où Prévot a appelé à une « réaction plus forte » de l’Union européenne contre le Rwanda, incluant « la suspension d’une série d’accords ». Kigali, de son côté, dénonce une « campagne agressive » visant à compromettre son accès aux financements du développement, y compris auprès des institutions multilatérales.
Pendant que les discussions se poursuivent au plus haut niveau, la situation reste critique à Bukavu, capitale du Sud-Kivu, désormais sous le contrôle du M23. Selon Radio Okapi, la ville est paralysée : commerces fermés, services administratifs à l’arrêt, et seules les motos-taxis assurent quelques déplacements. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) centralise la prise en charge des blessés, tandis que les radios locales diffusent uniquement de la musique en raison de l’absence des autorités.
Dans un communiqué, l’Alliance Fleuve Congo (AFC/M23) appelle à une mobilisation générale contre ce qu’elle qualifie de « gangstérisme et terrorisme d’État », tout en justifiant son action par la lutte contre la « mauvaise gouvernance » et « l’accaparement des ressources nationales ».
Face à cette escalade militaire et diplomatique, la médiation régionale portée par l’EAC, la SADC et l’Union africaine apparaît plus que jamais cruciale. La délégation congolaise à Nairobi espère ainsi obtenir un soutien renforcé pour contenir l’offensive du M23 et éviter une extension du conflit dans l’Est congolais.
AC/Sf/APA