Un dialogue de haut niveau entre le Mali, la Guinée, et le Sénégal s’est ouvert en marge de la COP 29 autour de la protection des bassins fluviaux, notamment du fleuve Sénégal qu’ils partagent.
En marge de la COP29 sur les changements climatiques, une rencontre des pays membres de l’Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal (OMVS) a rassemblé les ministres de l’environnement du Mali, de la Guinée, et du Sénégal pour un panel de haut niveau dédié à la protection des bassins fluviaux. Dirigé par Mamadou Samaké, ministre malien de l’Environnement, ce dialogue a permis aux trois pays de partager leurs initiatives respectives pour préserver leurs ressources en eau, particulièrement affectées par les activités humaines et le changement climatique.
Mme le ministre de l’Environnement de la Guinée a ouvert la discussion en présentant les actions de son pays pour la protection du massif du Fouta Djallon, source d’importants fleuves d’Afrique de l’Ouest, dont le Sénégal. En exposant les mesures de préservation des écosystèmes du Fouta Djallon, elle a insisté sur l’importance de cette région, non seulement pour ses richesses naturelles, mais aussi pour son rôle de réserve d’eau essentielle pour plusieurs pays en aval. Elle a souligné les initiatives de reboisement et les efforts pour réduire l’impact des activités agricoles et minières qui dégradent cet environnement vital.
De son côté, le ministre de l’Environnement du Sénégal a, pour sa part, alerté l’assistance sur les conséquences de l’élévation rapide du niveau des eaux dans la région de Bakel. Il a expliqué les mesures d’urgence prises pour protéger les populations locales, y compris la construction de digues et de dispositifs d’assainissement. Les efforts déployés, financés par des programmes nationaux et internationaux, visent non seulement à protéger les habitations, mais aussi à atténuer les pertes agricoles dues aux inondations, un phénomène aggravé par le dérèglement climatique.
La Falémé, une rivière menacée au Mali
Mamadou Samaké, ministre malien de l’Environnement, a quant à lui dressé un sombre tableau de l’état actuel de la Falémé, un affluent majeur du fleuve Sénégal. Confronté à une exploitation illégale, notamment des activités de dragage pour l’extraction de l’or, ce cours d’eau se retrouve aujourd’hui en péril. Le ministre Samaké a rappelé l’importance du nouveau Code minier du Mali qui interdit strictement les dragages et toute forme d’exploitation minière sur les cours d’eau du pays, y compris la Falémé. Il a réitéré le besoin urgent de protéger cet affluent, essentiel pour les communautés locales et pour l’écosystème du fleuve Sénégal dans son ensemble.
Au-delà des mesures locales, le ministre Samaké a mis en avant la nécessité d’une coopération transfrontalière plus étroite. Il a expliqué comment les exploitants illégaux, fuyant la répression au Sénégal, passent les frontières vers le Mali ou la Mauritanie pour poursuivre leurs activités. Pour faire face à cette situation, le ministre a proposé un renforcement de la coopération entre les trois pays, y compris un droit de poursuite permettant aux autorités de traverser les frontières pour appréhender les contrevenants.
Dans un ultime plaidoyer, le ministre Samaké a proposé la mise en place d’un projet de sauvetage pour la Falémé sous l’égide de l’OMVS. Ce projet impliquerait des actions de surveillance, de réhabilitation écologique, et de sensibilisation des communautés riveraines. Samaké a insisté sur le besoin de financement international pour garantir la pérennité de ce projet, tout en rappelant que la sauvegarde de la Falémé est une question de survie pour les populations locales et pour la biodiversité de la région.
MD/Sf/ac/APA