La mesure de suspension de 4 ONG au Cameroun va à l’encontre de l’objectif du gouvernement de mettre fin à la violence contre les femmes, souligne HRW.
Le gouvernement camerounais a suspendu en décembre les activités de quatre organisations non gouvernementales pendant trois mois, sans aucun avertissement ni base légale, une mesure qui porte préjudice aux victimes de violences basées sur le genre, soutient HRW dans un communiqué parvenu ce jeudi à APA.
Alors que l’une de ces organisations fournit des services de soutien aux survivantes de violences basées sur le genre, sa suspension brutale a affecté l’accès des survivantes à l’aide et a conduit certaines d’entre elles à se retrouver dans la rue lorsque les bureaux et les installations, y compris les abris, ont été fermés par les autorités gouvernementales, affirme l’ONG.
« La suspension arbitraire des organisations de la société civile qui soutiennent l’objectif du gouvernement de réduire la violence basée sur le genre, et le manque de coordination avec les agences gouvernementales compétentes pour mettre en place un plan d’urgence afin de garantir que les survivantes ne soient pas touchées, ne sont pas à la hauteur de l’ objectif ambitieux que le gouvernement se fixe de mettre fin à la violence basée sur le genre. Au contraire, cela démontre un manque de processus stratégique pour atteindre cet objectif et un manque de volonté politique », lit-on dans le communiqué.
En 2011, le Cameroun a adopté une stratégie nationale de lutte contre la violence à l’égard des femmes. Elle a été révisée en 2016, puis en 2022, dans le but de réduire de moitié la prévalence de la violence d’ici 2020 et 2026, respectivement.
Cependant, note HRW, dans la pratique, le Cameroun n’a pas mis en place suffisamment de ressources, notamment de services, pour réduire la violence basée sur le genre et répondre aux besoins des survivantes à travers le pays.
En 2014, il n’existait qu’un seul refuge pour les survivantes de violences basées sur le genre. En 2019, le gouvernement avait ouvert une dizaine de centres de crise pour l’orientation, avec des services d’appel 24 heures sur 24.
Pour l’ONG de défense des droits de l’Homme, aussi importantes que soient ces mesures, elles restent insuffisantes, ce qui rend le rôle des organisations suspendues essentiel au bien-être de nombreuses survivantes.
Partant de ce constat, elle estime que le Cameroun devrait rétablir les activités de ces organisations non gouvernementales et rechercher d’autres moyens pour mener ses enquêtes qui n’interrompent pas leur prestation de services ou qui n’affectent pas davantage le droit des survivantes à recevoir un soutien et à accéder aux services nécessaires.
ARD/ac/Sf/APA