Archipel confronté à une pénurie chronique d’eau douce et à un manque de terres cultivables, le Cabo Verde a réussi à bâtir une agriculture résiliente grâce au soutien de la FAO, devenant ainsi une référence pour le reste de l’Afrique de l’Ouest.
Cela peut sembler paradoxal. Entouré par l’Atlantique, le Cabo Verde, un archipel de 4 000 km² situé à 700 km des côtes du Sénégal et de la Mauritanie, fait face à une grave pénurie d’eau. « Nous avons environ 300 mm de pluie par an », fait constater Oumar Barry, consultant de la FAO au Cabo Verde. Cette situation a considérablement affecté l’agriculture, dont la contribution au PIB est tombée de 7-8 % à 4-5 % « en raison de la sécheresse ».
« L’agriculture ici souffre de nombreuses contraintes », confie Celestino Tavares, ingénieur à la Direction de l’agriculture, lors d’une visite de l’équipe pluridisciplinaire de la FAO près de Praia. Selon lui, le principal défi reste « la disponibilité d’eau », un problème structurel remontant à l’indépendance, alors que le manque de terres cultivables aggrave la situation. Cependant, le gouvernement a pris des mesures significatives pour transformer ces handicaps en opportunités.
« Nous cherchons à pratiquer une agriculture plus résiliente, en utilisant des variétés adaptées et en massifiant l’irrigation goutte à goutte pour économiser l’eau », indique M. Tavares. Dans les champs de maïs, culture emblématique du pays qu’on aperçoit au pied des montagnes dont des volcans dormants, des conduites d’eau, montrent cet effort. « Chaque goutte compte », affirme-t-il, ajoutant que la majorité des champs appartiennent à des particuliers, l’État ne possédant que 7 % des terres agricoles.
Pour pallier le manque d’eau, le gouvernement a investi dans la réhabilitation des infrastructures hydrauliques et le dessalement. À São Domingos, à 13 kilomètres de Praia, une usine de dessalement de 4 hectares, alimentée à l’énergie solaire, joue un rôle important. « Depuis quatre ans, nous travaillons sur la désalinisation pour répondre aux besoins d’irrigation », explique Angele Moreno, directrice de l’usine, relevant que l’eau dessalée est subventionnée pour les agriculteurs.
Le recours à l’énergie solaire, indispensable dans ce contexte, permet de réduire de 30 % le coût de l’eau pour les agriculteurs. « Nous mobilisons environ 700 kW d’énergie solaire dans cette installation, ce qui aide à diminuer les coûts », précise un ingénieur en électricité. Actuellement, 1 200 producteurs agricoles de l’île de Santiago bénéficient de ces installations, note Mme Moreno avec satisfaction.
En parallèle, le Cabo Verde mise sur la formation pour moderniser son agriculture. « Nous faisons face au défi de vulgariser les nouvelles technologies agricoles », explique Antonio Delgado, ingénieur agronome. Outre les champs-écoles, des « écoles mobiles » vont directement à la rencontre des agriculteurs pour diffuser des techniques innovantes, comme la culture sous serre.
Bien qu’encore en phase d’expérimentation, ce programme est prometteur. « Les agriculteurs sont satisfaits, mais nous attendons de voir les résultats concrets sur le terrain », confie M. Delgado.
Lors de l’ouverture de la 16e réunion de l’équipe pluridisciplinaire du Bureau sous régional de la FAO, Ana Touza a déclaré que « la FAO a soutenu le redressement du pays, qui est aujourd’hui une nation à revenu intermédiaire grâce à des politiques socio-économiques ambitieuses. »
Un beau modèle de résilience offert par « le pays le plus sahélien au reste du Sahel » au reste de l’Afrique de l’Ouest.
AC/Sf/te/APA