Autrefois perçu comme un possible réformateur, l’actuel chef de l’Etat burundais a au contraire poursuivi la politique de répression de son prédécesseur, le défunt Pierre Nkurunziza, selon Amnesty International.
Quatre ans après l’investiture d’Évariste Ndayishimiye en tant que président du Burundi, le bilan est sombre en matière de répression pour la société civile qui était « autrefois dynamique ». Dans une nouvelle synthèse publiée mercredi 21 août, Amnesty International dresse un tableau alarmant des conditions dans lesquelles se trouvent les défenseurs des droits humains, les journalistes et les militants de l’opposition, soumis à une répression qui semble sans fin, dans ce pays situé entre l’Afrique centrale et l’Afrique de l’est.
Lorsqu’il a pris les rênes du pays en juin 2020, après le décès soudain de son prédécesseur Pierre Nkurunziza, beaucoup espéraient que Ndayishimiye, 56 ans et ancien secrétaire général du parti au pouvoir, apporterait un souffle nouveau. Son discours d’investiture laissait entrevoir une possible ouverture, lorsqu’il insistait sur la nécessité de « bâtir le Burundi sur des bases solides », fondées sur la « bonne gouvernance » et « le respect et la protection des droits de la personne humaine ». Cependant, cette lueur d’espoir s’est vite éteinte, laissant place à une répression implacable.
Aujourd’hui, le pays est marqué par des « actes d’intimidation et de harcèlement » systématiques, des arrestations arbitraires et des « procès iniques » qui visent principalement les voix dissidentes tels que les journalistes et les opposants politiques, dénonce Amnesty International. La société civile burundaise, jadis l’une des plus dynamiques d’Afrique de l’est, a été « réduite comme peau de chagrin », notamment depuis les manifestations de 2015 contre le troisième mandat controversé de Nkurunziza et la tentative avortée de coup d’État qui a suivi.
Depuis lors, les autorités burundaises ont resserré leur emprise, fermant la majorité des organisations non gouvernementales et des médias privés qui osaient critiquer le gouvernement. Des figures emblématiques de la défense des droits humains ont été ainsi contraintes à l’exil, laissant le terrain vide pour une répression accrue.
Ndayishimiye, autrefois perçu comme un possible réformateur, a au contraire poursuivi la politique de son prédécesseur, amplifiant même la répression, selon l’organisation de défense des droits humains. Ceux qui osent encore se dresser contre le régime sont stigmatisés et qualifiés de « marionnettes […] des colons » dans des discours qui visent à les discréditer.
À l’approche des élections législatives et locales de 2025, la situation est critique, alerte Amnesty International qui exhorte le gouvernement burundais à cesser les poursuites arbitraires et à libérer les défenseurs des droits humains injustement condamnés. L’organisation internationale appelle également à la levée des interdictions qui pèsent sur des médias comme Radio Publique Africaine (RPA) et Télé Renaissance et à la restauration d’un espace civique où la liberté d’expression peut s’épanouir sans crainte de « représailles ».
En outre, Amnesty International demande à la communauté internationale, particulièrement à l’Union européenne, de renforcer leur soutien aux défenseurs des droits humains au Burundi. Elle recommande la mise en place de mécanismes de protection, y compris l’octroi « sans délai » de visas humanitaires pour ceux qui se trouvent en danger immédiat dans ce pays.
ODL/Sf/ac/APA