Les efforts intensifs du Maroc pour lutter contre l’immigration clandestine ont conduit à une diminution significative du nombre de migrants arrivant en Espagne.
Les mesures renforcées de contrôle aux frontières du Maroc ont entraîné une baisse significative du nombre de migrants arrivant en Espagne. Selon le journal espagnol El País, au premier semestre de cette année, le nombre de migrants voyageant du Maroc vers l’Espagne a chuté de 30 %. Cette diminution est principalement attribuée aux contrôles plus rigoureux le long des côtes nord et sud du Maroc, y compris dans la région du Sahara marocain.
Cependant, cette intensification des contrôles a déplacé la pression migratoire vers le sud. Les réfugiés syriens et pakistanais, qui partaient auparavant du Maroc ou d’Algérie, sont désormais interceptés aux îles Canaries après avoir transité par la Mauritanie et le Sénégal. Cette évolution témoigne de la hausse des réseaux de trafiquants d’êtres humains, devenus plus professionnels et mieux organisés.
PRESSION MIGRATOIRE AU SUD
Une source au sein des services de sécurité espagnols confirme cette tendance, soulignant que la présence de migrants asiatiques sur des itinéraires inattendus indique que les passeurs sont de plus en plus aptes à s’adapter et à collaborer avec d’autres réseaux criminels.
Ruben Andersson, anthropologue à l’Université d’Oxford, met en garde contre une approche purement répressive. Selon lui, une stratégie plus globale est nécessaire pour s’attaquer aux causes profondes de la migration.
À Ceuta, enclave urbaine occupée par les Espagnols en Afrique du Nord, le nombre de migrants arrivant par voie terrestre a augmenté de 173 %. Parallèlement, le problème des « narcoboats », qui transportent souvent des migrants en plus de la drogue, reste un défi pour les autorités espagnoles.
L’augmentation du nombre de migrants algériens arrivant en Espagne (15 %) est principalement observée aux îles Baléares. Les tensions politiques entre l’Algérie et le Maroc ont conduit à la non-reconduite des migrants algériens dans leur pays d’origine depuis mars 2022. L’Espagne, autrefois exemplaire en matière de contrôle de l’immigration irrégulière, fait désormais face à une augmentation des flux migratoires similaire à celle de la Grèce. La route vers les îles Canaries reste sous pression, en partie en raison de l’instabilité persistante dans la région du Sahel.
Les autorités espagnoles anticipent une poursuite de la pression migratoire alors que les crises au Sahel perdurent et que de plus en plus de réfugiés se dirigent vers la côte africaine. Tandis que le Maroc renforce ses contrôles, la Mauritanie devient un nouveau point de départ pour les migrants.
Des experts, comme Andersson, préconisent une approche favorisant la migration légale et s’attaquant aux problèmes démographiques régionaux. Bien que le nombre de migrants irréguliers atteignant l’Europe reste relativement faible, Andersson met en garde contre une pression accrue sur les pays européens si des solutions structurelles ne sont pas trouvées.
MN/Sf/ac/APA