Dans son rapport de 2024, l’Indice Ibrahim de la Gouvernance en Afrique (IIAG) indique que les progrès de la gouvernance globale sur le continent se sont arrêtés en 2022, bien que plusieurs pays aient réussi à suivre « une trajectoire positive » pendant la décennie.
L’état de la gouvernance en Afrique a connu des fortunes diverses après quatre ans de stagnation. Depuis 2022, les progrès sont freinés par l’augmentation des conflits et de l’insécurité ainsi que par la réduction des espaces démocratiques, sapant ainsi des avancées cruciales dans les domaines du développement humain et économique, a révélé mercredi la Fondation Mo Ibrahim dans son nouveau rapport sur la gouvernance en Afrique.
Sur la décennie 2014-2023, un peu plus de la moitié (52,1 %) de la population africaine, vivant dans 33 des 54 pays, a constaté des progrès, tandis que pour l’autre moitié, le niveau de gouvernance globale en 2023 est pire qu’en 2014. Toutefois, ce tableau préoccupant révèle également des performances positives dans plusieurs pays africains.
En effet, treize nations – dont l’Égypte, Madagascar, le Malawi, le Maroc, la Côte d’Ivoire, le Togo, le Bénin et la Somalie – ont suivi une « trajectoire positive de progrès de la gouvernance » au cours de la décennie, avec une accélération depuis 2019. Ces quatre derniers figurent aussi parmi les 10 pays qui ont le plus amélioré la gouvernance entre 2014 et 2023, aux côtés des Seychelles, de la Gambie, de la Sierra Léone, de l’Angola, de la Mauritanie et de Djibouti. Les Seychelles, qui ont enregistré des progrès spectaculaires sur la décennie (+10,0 points), surpassent Maurice pour devenir le pays le mieux classé en 2023, selon l’IIAG.
À l’inverse, onze pays suivent une « tendance inquiétante de détérioration » sur dix ans, aggravée depuis 2019. Certains, comme le Soudan, plongé dans une guerre civile depuis avril 2023, sont confrontés à des crises persistantes.
Des détériorations à long terme sont également observées dans des pays pourtant bien classés. Maurice (2e), le Botswana (5e), la Namibie (6e) et la Tunisie (9e), bien que toujours parmi les 10 premiers en 2023, font partie des nations ayant le plus régressé entre 2014 et 2023, aux côtés de la République démocratique du Congo, des Comores, de l’Eswatini et des États du Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger), en proie depuis plus d’une décennie aux groupes terroristes.
« L’IIAG 2024 nous rappelle l’ampleur de la menace que représente l’aggravation de la crise sécuritaire et la réduction de l’espace participatif pour les progrès du continent. Cela reflète bien sûr une crise mondiale », a déclaré Mo Ibrahim, fondateur et président de la Fondation, précisant que l’escalade des conflits et la méfiance croissante envers les institutions et les valeurs démocratiques ne sont pas spécifiques à l’Afrique, même si elles sont « préoccupantes » pour le continent.
L’IIAG 2024 s’est appuyé sur des données provenant de 49 sources indépendantes, certaines commandées par la Fondation, couvrant 322 variables regroupées en 96 indicateurs, organisés en 16 sous-catégories et quatre grandes catégories : sécurité et état de droit, participation, droits et inclusion, fondations pour les opportunités économiques et développement humain.
ODL/ac/Sf/APA