Le consul honoraire du Sénégal à Nouadhibou a appelé lundi à une coopération renforcée entre Dakar et Nouakchott pour gérer les expulsions et l’immigration irrégulière.
Au Sénégal, l’indignation était vive ces derniers jours après la diffusion d’images montrant l’expulsion brutale de migrants étrangers, dont des ressortissants sénégalais, de la Mauritanie. Ces scènes ont choqué des députés qui ont interpellé, mardi 11 mars, la ministre des Affaires étrangères, Yassine Fall, lors d’un passage à l’Assemblée nationale. Cependant, cette situation ne doit pas nuire aux relations historiques entre les deux pays, a indiqué Boughourbal Moulaye Abasse, consul honoraire du Sénégal à Nouadhibou, ville côtière située au nord de la Mauritanie.
« Les deux pays sont complémentaires dans le travail et dans leurs relations. Il ne faut pas que des incidents isolés viennent gâcher ces relations », a insisté Abasse dans un entretien avec le journal sénégalais Le Quotidien, rappelant que les deux pays partagent un champ gazier offshore qui pourrait leur permettre de disposer de « plus de moyens » pour faire face à la situation.
Le consul honoraire a dit comprendre les opérations d’expulsion lancées par les autorités mauritaniennes, une mesure qu’il considère nécessaire pour lutter contre l’insécurité dans un pays sahélien confronté à de nombreux défis. « Quand un pays a une population de 4,5 millions d’habitants et qu’il se retrouve avec 1,2 million de migrants irréguliers, cela pose problème. Nous n’avons jamais eu autant de violences dans ce pays. C’est un problème sérieux », a-t-il expliqué.
« Aujourd’hui, ceux qui n’ont aucun document sur eux, qu’ils soient sénégalais, maliens ou burkinabè, ont des problèmes. Lorsqu’ils sont arrêtés, ils sont renvoyés à la frontière », a ajouté Abasse, précisant que la Mauritanie est devenue un point de transit pour plus d’un million d’étrangers, dont des Pakistanais et des Indiens, cherchant à migrer irrégulièrement vers l’Europe.
Le diplomate a déploré les violences répétées dans ce contexte, citant notamment la tragédie de migrants pakistanais décédés lors d’une traversée. « Il y a des cas de violence qui se répètent avec des exemples poignants », a-t-il souligné.
Abasse a également regretté l’incapacité des autorités mauritaniennes à maîtriser la situation, malgré le soutien européen. « Les Européens sont venus en renfort avec la Police espagnole qui patrouille à Nouakchott et fournissent des fonds pour financer la lutte », a-t-il précisé. Cependant, la situation persiste, car les migrants se tournent désormais massivement vers la Mauritanie après la fermeture des côtes du Sénégal et du Maroc.
Enfin, Abasse a plaidé pour une coopération renforcée entre Etats, accompagnée d’un budget spécifique pour mieux gérer la question des migrants. « Aujourd’hui, il faut une coopération inter-États avec un budget pour prendre en charge cela. En plus du budget, il faut des conditionnalités sur le rapatriement des migrants. L’Europe est saturée, à Las Palmas, il y a 30 000 migrants. J’ai vu des gens assis dans la rue, sans même de chaussures », a-t-il conclu.
ODL/te/Sf/APA