A côté du sauvetage récent de 76 migrants, les autorités libyennes ont découvert ces derniers jours près de 50 corps dans deux fosses communes situées dans le désert de l’État d’Afrique du Nord, ont indiqué des responsables dimanche.
La Libye, en proie à une instabilité chronique depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, continue d’être un carrefour tragique pour les flux migratoires clandestins. Le récent sauvetage de 76 migrants, victimes de réseaux de trafic d’êtres humains dans le sud-est du pays, met en lumière l’ampleur de ce fléau. Cette opération, orchestrée par l’Autorité de contrôle de l’immigration illégale en coordination avec le bureau du procureur général libyen et soutenue par le bataillon Sabil Al-Salam, a également conduit à la découverte macabre de 28 corps dans une fosse commune, à proximité du site de détention.
Cette intervention illustre non seulement l’effort des autorités locales pour lutter contre ces réseaux criminels, mais révèle également l’ampleur des abus perpétrés contre des migrants vulnérables. Selon les informations relayées par le bureau du procureur général, les victimes auraient été soumises à des actes de torture, ainsi qu’à des traitements inhumains et dégradants, des pratiques systématiques qui témoignent de l’impunité dont jouissent ces groupes criminels dans certaines régions libyennes.
Trois individus impliqués dans ces activités illicites – un citoyen libyen et deux ressortissants étrangers – ont été interpellés lors de cette opération. Cependant, ces arrestations, bien que significatives, ne sauraient dissimuler la profondeur du problème : la Libye demeure un terrain fertile pour les trafiquants, profitant du vide sécuritaire et institutionnel qui gangrène le pays depuis plus d’une décennie.
Ce drame n’est malheureusement pas un cas isolé. À la fin du mois dernier, plus de 300 migrants africains avaient été découverts dans des conditions similaires, détenus dans une ferme située dans la région d’Al-Wahat, à l’est du pays. Ce schéma récurrent met en évidence l’ampleur d’un système de traite des êtres humains bien rodé, qui s’appuie sur des réseaux transnationaux s’étendant à travers l’Afrique et au-delà.
La situation géopolitique en Libye contribue largement à l’aggravation de cette crise humanitaire. Divisée entre plusieurs factions rivales, la Libye est un État failli où les institutions peinent à exercer un contrôle effectif sur l’ensemble du territoire. Cette fragmentation favorise la prolifération de milices armées et de groupes criminels, dont certains participent directement au trafic d’êtres humains ou ferment les yeux en échange de profits financiers.
Par ailleurs, la position géographique de la Libye, porte d’entrée vers l’Europe pour des milliers de migrants désespérés, accentue les pressions migratoires. Les migrants, fuyant souvent des situations de guerre, de pauvreté extrême ou de persécutions dans leurs pays d’origine, se retrouvent piégés dans des réseaux de passeurs sans scrupules. Ces derniers exploitent la vulnérabilité des candidats à l’exil, en les soumettant à des violences inouïes dans l’espoir d’obtenir des rançons ou de les utiliser comme marchandises humaines dans des circuits de travail forcé.
MK/te/Sf/APA