- De notre correspondant à Rabat
Le souverain marocain Mohammed VI, Roi du Maroc, et le président français Emmanuel Macron ont décidé, à l’occasion de la visite d’Etat que celui-ci effectue au Maroc du 28 au 30 octobre 2024, d’écrire un nouveau chapitre dans la longue histoire entre la France et le Maroc, en portant la relation entre les deux pays au niveau d’un « Partenariat d’exception renforcé ».
Après des années de relations tendues entre la France et le Maroc, la visite d’État du président Emmanuel Macron au Maroc, du 28 au 30 octobre 2024 , a constitué une étape diplomatique importante. Si le discours public du président Macron devant le parlement marocain a suscité une large attention, car il a réitéré la reconnaissance par la France de la souveraineté du Maroc sur le Sahara, un examen plus approfondi de la visite révèle une série de gestes subtils qui ne reflètent pas seulement une diplomatie de navette de la part de Macron, mais soulignent plutôt la profondeur des liens historiques entre les deux pays, la reconnaissance du leadership du Maroc et l’appréciation des efforts de Macron pour forger un nouveau partenariat renforcé.
Lors de cette visite, le Roi Mohammed VI, accompagné du prince héritier Moulay El Hassan et du prince Moulay Rachid, et le président Emmanuel Macron, ont signé, lundi au cabinet royal , la Déclaration relative au « Partenariat d’exception renforcé » entre le Royaume du Maroc et la France, en vue de permettre aux deux pays de mieux répondre à l’ensemble des défis auxquels tous deux sont confrontés, en mobilisant tous les secteurs pertinents de la coopération bilatérale, régionale et internationale.
Cérémonie d’accueil chaleureuse
Macron est arrivé à l’aéroport de Rabat-Salé où il a été accueilli avec une grande cérémonie, une caractéristique de l’hospitalité marocaine qui est généralement réservée aux visites d’État les plus importantes. Le roi Mohammed VI lui-même était à l’accueil du président français, un geste qui exprimait le plus grand respect et signalait l’importance que la monarchie marocaine accordait à cette visite. Un accueil aussi somptueux n’est pas réservé à tous les dirigeants étrangers qui se rendent au Maroc.
Les deux dirigeants ont ensuite rejoint un cortège élaboré, Macron circulant aux côtés du roi dans un véhicule à toit ouvert alors qu’ils parcouraient lentement les artères de la capitale permettant deux chefs d’état de saluer le peuple marocain – un acte symbolique d’unité et de fierté partagée entre les nations.
Échange de cadeaux symboliques
Lors de leur rencontre, le roi Mohammed VI a offert à Macron un khanjar marocain traditionnel, un poignard décoratif ayant une profonde signification culturelle. Tout au long de l’histoire, l’échange d’armes décoratives et de poignards a revêtu une profonde signification symbolique dans les relations diplomatiques entre les nations et leurs dirigeants.
Ces lames ornées étaient souvent considérées comme des emblèmes de pouvoir, de confiance et de création d’alliances stratégiques. Offrir un poignard ou une épée de cérémonie signifiait l’établissement d’un lien de confiance et de respect mutuel entre le donateur et le receveur. Cela transmettait le message que chaque partie était prête à baisser sa garde et à placer sa confiance dans l’autre.
L’acceptation d’un tel cadeau signifiant était interprétée comme un engagement solennel à honorer l’alliance et à éviter de futurs conflits. Le poignard représentait ainsi non seulement l’identité culturelle, mais aussi la capacité et la volonté d’assurer la protection et de défendre les intérêts communs. Au-delà de la simple réception d’un objet matériel, le chef qui acceptait le poignard reconnaissait ainsi la profonde signification historique et sociale qu’il renfermait.
Cet acte signifiait une intention de s’immerger dans le tissu culturel du donateur, forgeant un lien personnel qui transcendait les formalités des relations d’État à État.
Portrait de famille
La maison et la famille ont une importance capitale dans la culture marocaine. Le salon, en particulier, est considéré comme le reflet des valeurs, des traditions et du statut social de la famille. Il ne s’agit pas simplement d’une pièce, mais d’une extension de l’identité de la famille.
Inviter des personnes extérieures, voire des dignitaires, dans ce cadre intime est un privilège rare et significatif. En invitant le président et la première dame français dans leur salon, la famille royale marocaine a transmis un message fort.
Ils témoignaient ainsi de leur confiance aux dirigeants français, de leur volonté de forger des liens plus profonds et plus personnels, et de leur désir de cultiver un sentiment de camaraderie et de compréhension mutuelle.
Ce geste allait au-delà des formalités d’une visite d’État ou du protocole diplomatique ; il s’agissait d’une véritable démonstration de chaleur et d’hospitalité très appréciée dans la culture marocaine.
Le fait que cette photographie ait été prise et partagée publiquement souligne encore davantage l’importance symbolique de ce moment. L’image sert de représentation visuelle du renforcement des relations entre le Maroc et la France, qui s’étend au-delà des domaines politiques et économiques pour englober un lien plus profond et plus centré sur l’humain. Elle témoigne des progrès réalisés dans la promotion de la compréhension interculturelle et de la coopération entre les deux nations.
Connexions émotionnelles à travers des références culturelles
Le thème central de la visite du président Macron était d’« écrire une nouvelle page » dans l’histoire des relations historiques entre le Maroc et la France. Pour cela, Macron a construit l’ensemble de son discours devant le parlement marocain autour de la métaphore du livre, en s’appuyant sur le travail d’écrivains et d’artistes pour illustrer l’histoire commune de la France et du Maroc, qui remonte à l’Andalousie et même avant.
Son discours a été ponctué de références à des auteurs, artistes et intellectuels marocains et franco-marocains, de Tahar Ben Jelloun à Leïla Slimani.
Cette invocation intentionnelle de chapitres culturels communs a servi à créer un lien émotionnel avec le public marocain, lui rappelant les histoires profondes et entrelacées qui unissent les deux pays.
En s’appuyant sur ces personnalités culturelles et leurs œuvres, Macron a cherché à positionner la relation franco-marocaine comme ancrée dans un passé riche et complexe, un « roman » dont il souhaite aujourd’hui contribuer à écrire un nouveau chapitre. Ce cadrage contraste avec le ton plus transactionnel et pragmatique qui a parfois caractérisé les relations de la France avec ses anciennes colonies.
Changement d’approche rhétorique
Le discours d’Emmanuel Macron devant le Parlement marocain a marqué un changement significatif dans la rhétorique diplomatique du président français, notamment concernant le passé colonial du continent. Au lieu d’esquiver la question, Macron a ouvertement reconnu le rôle de protectorat de la France au Maroc. S’appuyant sur cette reconnaissance et faisant référence aux accords de Celle-Saint-Cloud, il a plaidé pour une nouvelle ère de relations mutuellement bénéfiques fondées sur le respect et les intérêts mutuels. Ce degré de franchise et d’introspection représente une rupture avec l’approche traditionnellement prudente adoptée par les dirigeants français lorsqu’ils discutent de l’histoire coloniale du pays.
Par ailleurs, le ton de Macron tout au long de son discours était celui de l’humilité et du partenariat, soulignant la volonté de la France de construire « humblement » un nouveau cadre stratégique avec l’Afrique fondé sur des valeurs partagées et une vision commune de l’avenir.
Cette approche mesurée et introspective contraste avec la position plus conflictuelle que la France a parfois adoptée dans ses relations avec les nations africaines, soulignant l’intention de Macron de forger une nouvelle relation plus équitable.
Engagement sur la question du Sahara marocain
La réaffirmation sans équivoque par Macron du soutien de la France à la souveraineté du Maroc sur le Sahara a peut-être été le tour de force diplomatique le plus significatif de la visite. En approuvant clairement le plan d’autonomie du Maroc comme « seule base » pour une « solution politique juste, durable et négociée », Macron a non seulement abordé un point de discorde de longue date entre les deux pays, mais a également positionné la France comme un allié indéfectible du Maroc sur cette question géopolitique cruciale.
Macron a notamment fait un pas de plus en s’engageant à ce que les entreprises françaises soutiennent les initiatives de développement dans le Sahara marocain, une démarche qui témoigne de la volonté de la France d’être un partenaire actif de la croissance économique et de la stabilité de la région. Cette démarche démontre la volonté de la France de soutenir son soutien rhétorique par des engagements concrets, renforçant encore la confiance retrouvée entre Paris et Rabat.
«Il est beau le jour où l’on porte son cœur vers le foyer aimé»
En mettant l’accent sur les liens culturels et en reconnaissant les torts passés, Macron a affiché une approche sensiblement différente des relations franco-africaines, qui semble reconnaître l’influence croissante du Maroc sur le continent africain. Dans un geste symbolique qui illustre ce changement de paradigme et position, Macron a cité les mots puissants du roi Mohammed VI à l’Union africaine en 2017 lorsqu’il a déclaré : « Il est beau le jour où l’on porte son cœur vers le foyer aimé. L’Afrique est mon continent et ma maison ».
La référence expresse de Macron aux propos du roi signale essentiellement la reconnaissance par la France du fait qu’elle a besoin des liens africains profondément enracinés du Maroc et de son expertise diplomatique pour reconstruire ses relations à travers le continent.
Dépassant ainsi le paradigme paternaliste traditionnel, Macron semble désormais rechercher un partenariat plus humble avec le Maroc comme porte d’entrée vers un engagement africain renouvelé.
Cela se reflète également dans la pléthore d’engagements pris cette semaine en faveur d’une coopération substantielle dans une multitude de domaines, notamment les énergies renouvelables, l’éducation et la sécurité régionale, ainsi que d’autres domaines dans lesquels le Maroc a déjà établi sa solide réputation de leadership panafricain.
Maroc-France : Vers une nouvelle ère de partenariat stratégique et durable
La relation historique entre le Maroc et la France connaît un nouvel élan avec la visite officielle du Président français Emmanuel Macron, accompagné de la Première Dame Brigitte Macron à Rabat. Ce séjour de trois jours, à l’invitation du le Roi Mohammed VI, marque une étape importante dans l’approfondissement des liens diplomatiques, économiques, culturels, et stratégiques entre les deux nations.
Cette visite symbolise une ambition renouvelée pour les décennies à venir, un projet cher aux deux Chefs d’État. En amont, le Palais de l’Élysée a annoncé sa volonté de « bâtir une nouvelle ambition » pour la relation franco-marocaine, concrétisée par des initiatives de coopération dans divers domaines structurants, comme l’enseignement supérieur, l’innovation, la transition énergétique, et la sécurité. Ces engagements visent à consolider les relations bilatérales et à les adapter aux défis contemporains, dans un monde marqué par une transformation rapide des enjeux géopolitiques et économiques.
Une coopération économique forte et des échanges florissants
Le Maroc et la France entretiennent une relation économique dense, faisant d’eux des partenaires commerciaux privilégiés. Le Maroc se positionne en tant que premier partenaire commercial de la France en Afrique du Nord et occupe la 19e place mondiale dans le classement des partenaires de l’Hexagone. Réciproquement, la France demeure le premier partenaire du Royaume en termes de commerce international, premier client et second fournisseur, tissant ainsi un réseau d’échanges commerciaux prospère.
Les entreprises françaises jouent un rôle essentiel dans l’économie marocaine, avec plus de 1 000 sociétés implantées sur le territoire, représentant environ 150 000 emplois directs. L’investissement français reste sans égal dans le Royaume, la France occupant la première place en tant qu’investisseur étranger. Cette forte présence économique se traduit aussi par un flux touristique et financier continu, la France étant le premier pourvoyeur de recettes touristiques pour le Maroc et la principale source de transferts de devises des Marocains résidant en France.
22 contrats signés
La France et le Maroc ont conclu une série d’accords d’investissement d’une valeur avoisinant les 10 milliards d’euros, constituant l’un des engagements les plus importants en matière d’investissement étranger dans la région. Le président français Emmanuel Macron et le roi Mohammed VI du Maroc ont personnellement supervisé la signature de 22 contrats, marquant ainsi un nouvel élan en faveur du partenariat et de la coopération économiques.
Ces accords couvrent divers secteurs, dont le train à grande vitesse, l’hydrogène vert, le transport maritime et l’aérospatiale. Parmi les initiatives phares, le groupe d’ingénierie français Alstom s’est engagé à fournir au Maroc jusqu’à 18 trains à grande vitesse et contribuera à la construction de la ligne ferroviaire à grande vitesse reliant Tanger à Marrakech. Ce réseau de transport élargi vise à améliorer la connectivité régionale et à stimuler la mobilité économique.
Le partenariat entre TotalEnergies et le gouvernement marocain pour le développement des infrastructures nationales en matière d’hydrogène vert a également été mis en avant, illustrant les ambitions du Maroc de devenir un leader des énergies renouvelables en Afrique. De son côté, le géant français de l’énergie Engie a signé un accord avec l’OCP marocain afin de soutenir la transition énergétique du Maroc vers des solutions plus durables et renouvelables.
Par ailleurs, l’Agence française de développement (AFD) s’est engagée à hauteur de 350 millions d’euros pour accompagner le Maroc dans ses efforts de décarbonation de son industrie phosphatière, un secteur clé de l’économie nationale. EDF, opérateur français d’électricité, a pour sa part promis d’agrandir le parc éolien de Taza, un projet visant à répondre à la demande énergétique croissante du Maroc tout en réduisant les émissions de carbone.
Le groupe français CMA CGM, premier armateur du pays, a annoncé un partenariat avec Marsa Maroc pour la cogestion du port de Nador West Med, un hub stratégique au nord du Maroc qui devrait traiter plus d’un million d’EVP par an. Ce partenariat d’une durée de 25 ans permettra d’accroître la capacité du port, le positionnant comme une porte d’entrée essentielle pour le commerce en Méditerranée.
Enfin, le groupe aéronautique français Safran implantera un centre de maintenance de moteurs LEAP de 25 000 m² à Casablanca, dont l’ouverture est prévue d’ici 2026. Cette usine vise à soutenir le rôle croissant du Maroc dans l’industrie aéronautique tout en renforçant le réseau mondial de maintenance de Safran.
Nouvelle ère pour les relations bilatérales entre le Maroc et la France
La relation diplomatique entre le Maroc et la France, guidée par le leadership de leurs chefs d’Etat, est appelée à incarner un partenariat exemplaire et renforcé, a annoncé le 29 octobre à Rabat le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita.
S’exprimant à l’issue d’une réunion avec le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, M. Bourita a affirmé que les efforts diplomatiques des deux pays s’inscriront dans la continuité des récents entretiens entre le roi du Maroc Mohammed VI et le président français, Emmanuel Macron. Cette approche, a-t-il noté, façonnera les interactions bilatérales quotidiennes ainsi que les collaborations dans les forums régionaux, internationaux et multilatéraux.
« Il s’agit d’une nouvelle étape et d’un nouveau chapitre pour notre relation profonde et significative, ouverte par les discussions récentes entre nos dirigeants », a souligné M. Bourita, faisant référence à la « Déclaration de partenariat exceptionnel renforcé » signée à Rabat, qui trace les principes directeurs de cette collaboration. La déclaration, entérinée par les deux dirigeants, précise les structures de gouvernance et les secteurs prioritaires, ainsi que les domaines où ce partenariat prendra effet.
« Peu de documents diplomatiques ont été signés par Sa Majesté le Roi« , a indiqué M. Bourita, ajoutant que ces instances « ont donné une forte impulsion aux relations du Maroc avec ses partenaires« . Il a en outre décrit la déclaration comme énonçant les « principes qui guideront cette nouvelle étape« , définissant la gouvernance, les secteurs clés et le périmètre territorial.
Bourita a souligné que cette déclaration orientera les actions diplomatiques à venir. Malgré les différences de cultures diplomatiques, a-t-il indiqué, le Maroc et la France partagent des objectifs fondamentaux liés à la stabilité et au développement, et cet accord renforcera leurs mécanismes de concertation et de coordination dans ces domaines.
Evoquant la question du Sahara, M. Bourita a confirmé que la carte officielle du Maroc, incluant ses régions du Sud, a été publiée sur le site officiel du ministère français des Affaires étrangères. Il a également noté que la France a élargi sa circonscription consulaire pour inclure les provinces du Sud du Maroc. « La connaissance par la France des origines et de l’évolution de ce conflit et son rôle au sein du Conseil de sécurité de l’ONU en font un acteur clé dans ce cadre« , a-t-il ajouté .
Qualifiant la récente position de la France sur le Sahara de plus qu’un geste diplomatique, M. Bourita a noté qu’elle était appuyée par des actions concrètes, notamment des engagements économiques et commerciaux dans la région. Cet alignement, a-t-il dit, reflète une dynamique positive autour du Sahara.
Transition énergétique et innovation : des ambitions partagées
Un des axes clés de cette nouvelle phase de coopération porte sur la transition énergétique et l’innovation technologique, des domaines cruciaux pour la compétitivité future des deux pays. Le Maroc, engagé dans une politique de développement durable ambitieuse, vise à atteindre 52 % de sa capacité énergétique issue de sources renouvelables d’ici 2030. La France apporte son expertise et son soutien dans cette démarche, en mettant en avant des solutions énergétiques durables, à faible empreinte carbone.
Dans cette optique, des partenariats stratégiques ont été instaurés, tels que celui entre l’Institut de recherche en énergie solaire et énergies nouvelles (IRESEN), la Société d’accélération du transfert de technologie (SATT) Paris-Saclay et l’Agence française dedéveloppement (AFD). Ce projet commun vise à promouvoir la recherche appliquée en matière d’hydrogène décarboné, un domaine porteur pour les deux pays. À cela s’ajoute un prêt de 80 millions d’euros, assorti d’une subvention d’assistance technique de l’AFD, destiné à soutenir le Maroc dans sa « transition budgétaire verte« , soulignant l’engagement des deux pays dans la lutte contre le changement climatique.
Le développement des infrastructures de transport : un modèle de coopération réussie
Le domaine des transports est également un pilier de cette collaboration franco-marocaine, matérialisée par des projets structurants. Le transport ferroviaire, urbain, routier et maritime bénéficie d’un soutien et d’un transfert d’expertise français, notamment avec des réalisations emblématiques telles que la ligne à grande vitesse Casablanca-Tanger, la première LGV d’Afrique, qui relie les grandes villes du Maroc avec rapidité et modernité.
Un progrès majeur dans le développement des infrastructures au a été annoncé le 29 octobre, avec la signature d’un accord important à Rabat entre l’Office national des chemins de fer (ONCF) et le constructeur français Alstom pour l’acquisition de rames de train à grande vitesse. Ce contrat comprend une commande initiale de 12 rames, avec une option pour 6 unités supplémentaires, marquant une étape clé dans l’ambitieux projet de train à grande vitesse Kénitra-Marrakech.
La concurrence pour ce contrat lucratif incluait divers fabricants internationaux, tels que l’espagnol CAF et le sud-coréen Hyundai Rotem. Le Directeur Général de l’ONCF, Mohamed Rabie Khlie, a déclaré qu’Alstom avait présenté la meilleure offre en termes de coût et de qualité du produit, assurant ainsi leur position en tant que fournisseur privilégié.
De plus, cet accord s’inscrit dans une initiative plus large, car l’ONCF prévoit d’améliorer sa flotte par des acquisitions supplémentaires. En plus des 18 trains à grande vitesse, l’opérateur ferroviaire vise à acquérir 40 trains interurbains, 60 trains de navette rapide et 50 unités de métro dans un avenir proche.
Il convient également de noter que deux autres appels d’offres liés à la construction de la ligne à grande vitesse ont été attribués. L’assistance à la gestion de projet pour les projets d’infrastructure de la LGV entre Kénitra et Marrakech a été confiée à un consortium, comprenant un cabinet de conseil marocain ainsi que deux entreprises françaises (EGIS RAIL/SYSTRA/NOVEC). De plus, l’appel d’offres pour la fourniture de systèmes de voies pour la ligne LGV a été remporté par la société française Vossloh Cogifer SA.
Ce partenariat vise également à étendre les infrastructures de transport en adéquation avec la dynamique de développement du Maroc, un pays en plein essor économique et dont la position géostratégique en fait une porte d’entrée vers le continent africain. La France, en tant que premier investisseur dans ce secteur, renforce ainsi sa position tout en soutenant le Maroc dans sa volonté de devenir un hub logistique régional.
Agriculture et changement climatique : une coopération à long terme
L’agriculture constitue un autre domaine où la collaboration franco-marocaine prend une dimension stratégique, particulièrement dans le contexte des défis environnementaux liés au changement climatique. Les deux nations prévoient la signature d’un nouvel accord pour renforcer les actions dans les domaines agricole et forestier. Ce partenariat vise à promouvoir des pratiques agricoles résilientes et adaptées aux nouvelles contraintes climatiques, notamment par des projets de recherche et développement orientés vers l’adaptation des cultures.
Les échanges ont également permis de consolider le partenariat entre les acteurs privés des deux pays dans le secteur agricole, un domaine essentiel pour l’économie marocaine et pour la sécurité alimentaire régionale. En mutualisant leurs efforts, le Maroc et la France espèrent contribuer ensemble à une agriculture durable et innovante, résiliente face aux crises climatiques.
Lors d’une rencontre entrepreneuriale Maroc-France, centrée sur le développement agricole et agro-industriel pour une sécurité alimentaire renforcée. Les intervenants ont insisté sur l’importance de l’agriculture et de l’agro-industrie dans la croissance économique et la stabilité sociale, soulignant la nécessité de pratiques durables face aux défis climatiques et à la rareté des ressources en eau. Les discussions ont porté sur la valorisation des produits agricoles marocains et l’optimisation des contrôles pour faciliter les exportations vers l’Europe.
Hakim Marrakchi, PDG de Maghreb Industries, a mis en avant l’importance des cultures intensives en valeur ajoutée et d’une logistique accrue pour améliorer les exportations. Jean-Philippe Puig, DG du groupe Avril, a identifié trois enjeux majeurs : l’adaptation climatique, la sécurité alimentaire pour une population croissante, et la rémunération adéquate des agriculteurs par la transformation locale. Puig a également souligné la nécessité de décarboniser l’agriculture, profitant des ressources en énergie verte du Maroc.
Co-organisée par la CGEM et le MEDEF, cette rencontre, en lien avec la visite d’État du Président Emmanuel Macron au Maroc, a mis en avant les liens historiques et les ambitions communes entre les deux nations.
Sécurité et lutte contre l’immigration irrégulière : des priorités communes
Dans le contexte des défis migratoires contemporains, le Maroc et la France ont mis en place un cadre de coopération exemplaire, le « groupe migratoire mixte permanent« . Cet organisme facilite le dialogue et la concertation sur les questions migratoires, permettant une réponse plus coordonnée et efficace face aux défis de l’immigration irrégulière.
Ce cadre est une illustration de l’approche concertée adoptée par les deux pays pour répondre aux préoccupations sécuritaires, qui incluent également la lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière. En tant que porte d’entrée de l’Europe en Afrique, le Maroc joue un rôle central dans la gestion des flux migratoires et bénéficie du soutien de la France pour renforcer ses capacités de contrôle et de gestion de la migration. Cette coopération est essentielle pour maintenir la stabilité régionale et répondre aux défis humanitaires et sécuritaires posés par la migration irrégulière.
Abdelouafi Laftit, ministre marocain de l’Intérieur, et son homologue français, Bruno Retailleau, ont tenu une réunion marquée par la volonté de renforcer la coopération entre le Maroc et la France, conformément aux aspirations du Roi Mohammed VI et du Président Emmanuel Macron pour un « partenariat d’exception renforcé ». Lors de cette rencontre, les deux ministres ont abordé plusieurs sujets d’intérêt commun, notamment les questions migratoires, la sécurité et la lutte contre le trafic de drogue.
Les discussions sur la migration ont permis d’établir un cadre global visant à faciliter les mobilités légales tout en luttant contre l’immigration irrégulière, avec un focus particulier sur la réadmission et la prévention des départs. M. Laftit a souligné l’importance d’une approche de responsabilité partagée, rappelant les initiatives du Maroc pour le rapatriement des mineurs marocains non accompagnés et l’accord signé en 2020 pour leur retour. La question des Obligations de quitter le territoire français (OQTF) a aussi été abordée.
En matière de sécurité, les deux pays ont réitéré leur engagement à coopérer de manière accrue, avec une attention particulière à la lutte contre le terrorisme et le trafic de drogue. M. Retailleau a salué le soutien marocain pour la sécurisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, tout en proposant de partager l’expertise française en vue des événements sportifs que le Maroc organisera, dont la CAN 2025 et la Coupe du monde 2030.
Education et coopération universitaire : un levier d’influence pour les deux pays
L’éducation et la coopération universitaire demeurent des piliers fondamentaux de la relation bilatérale entre le Maroc et la France. Une déclaration d’intention franco-marocaine pour la coopération dans le domaine éducatif pour la période 2024-2026 est en cours de finalisation, visant à renforcer l’intégration du français dans le système éducatif marocain.
En marge de cette visite, une déclaration a été signée par Patrick Hetzel, ministre français de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et Azzedine El Midaoui, ministre marocain de l’Enseignement supérieur, elle vise également à renforcer la coopération bilatérale dans l’enseignement supérieur et la recherche scientifique, à approfondir les échanges académiques, en particulier dans des domaines stratégiques tels que le numérique, l’intelligence artificielle, l’industrie et le développement durable, et à promouvoir la collaboration entre universités et secteur privé pour l’innovation.
Le projet inclut la création d’un centre de recherche franco-marocain dédié à des thématiques d’avenir, telles que l’intelligence artificielle, le big data, la cybersécurité, et les énergies renouvelables. Ce centre mobilisera des institutions de premier plan, parmi lesquelles le CNRS et plusieurs universités françaises et marocaines.
Lors de son allocution au parlement, le président français a déclaré que ce « partenariat stratégique représente une avancée significative dans la consolidation des liens académiques entre la France et le Maroc, avec une vision commune en faveur de la prospérité scientifique ». Macron a rappelé l’importance de l’éducation et de la francophonie, soulignant le rôle des 44 établissements français avec 50 000 élèves au Maroc et la position dominante des étudiants marocains en France.
Le Maroc est également l’un des principaux pays d’origine des étudiants étrangers en France, notamment dans les écoles de commerce et d’ingénieurs. Les étudiants marocains formés dans les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) jouent un rôle moteur dans les établissements de renom en France, contribuant à la vitalité de la coopération éducative et à l’influence culturelle de la francophonie.
Une visite tournée vers l’avenir
Cette visite d’État du président Macron, couronnée par une déclaration commune marque l’ouverture d’une nouvelle page pour le partenariat franco-marocain. Au-delà des relations commerciales et diplomatiques, elle souligne l’importance d’une relation fondée sur des valeurs partagées, une ambition commune pour un avenir durable, et une coopération étroite pour répondre aux enjeux globaux.
Les perspectives ouvertes par cette visite témoignent de l’engagement des deux pays à renforcer leur partenariat stratégique, dans une optique de stabilité et de prospérité partagées, tant pour leurs populations respectives que pour l’ensemble de la région. En s’appuyant sur une dynamique de confiance et de réciprocité, le Maroc et la France réaffirment leur détermination à construire ensemble un avenir commun, solidement ancré dans les réalités du XXIe siècle.
RT/Sf/APA