Initialement annoncé en liberté provisoire, l’économiste et professeur Étienne Fakaba Sissoko, détenu depuis mars dernier, n’a finalement pas pu quitter sa cellule ce lundi 14 octobre 2024, comme l’avait suggéré une décision préliminaire.
Alors que sa remise en liberté semblait acquise dans l’attente de son jugement en appel prévu le 11 novembre 2024, un nouveau développement a bloqué cette issue. Les autorités judiciaires ont invoqué des raisons de sécurité nationale pour maintenir Dr Étienne Fakaba
Sissoko en détention jusqu’à l’audience.
Ce revirement intervient dans un contexte tendu, alors que le procès de Dr Sissoko, ouvert le 7 octobre 2024, continue de capter l’attention des défenseurs des droits de l’homme, des universitaires et de la presse internationale. Parmi les voix critiques, Amnesty International a exprimé ses inquiétudes dès les premiers jours, qualifiant la condamnation de l’intellectuel de « punitive » et réclamant sa libération sans conditions.
Pour rappel, le 20 mai 2024, Dr Sissoko a été condamné pour atteinte au crédit de l’État, injures publiques et diffusion de fausses nouvelles, ce qui lui a valu deux ans de prison, dont un an avec sursis, et une amende de trois millions de francs CFA. Ces accusations étaient liées à la publication de son ouvrage qui critiquait vertement la communication officielle du gouvernement malien, qualifiée par l’auteur de « propagande ». Ses propos ont rapidement attiré l’attention des autorités, qui ont jugé qu’ils pouvaient compromettre la stabilité sociale.
Connu pour sa verve et ses critiques pointues à l’encontre des politiques gouvernementales, Dr Sissoko a été arrêté le 25 mars 2024, suscitant une vague de protestations à l’échelle nationale et internationale. Ses partisans dénoncent un procès aux motivations politiques, qu’ils considèrent comme une tentative de faire taire les critiques.
Les défenseurs des droits humains, comme Amnesty International, ont pris fermement position dans cette affaire. L’organisation a critiqué la condamnation comme étant une « violation flagrante de la liberté d’expression », et a demandé son annulation immédiate. Dans une déclaration de juin 2024, elle soulignait que Dr Sissoko était incarcéré « pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression de manière pacifique ». Pour beaucoup, cette affaire est symptomatique de la détérioration des droits civils et politiques au Mali.
La communauté universitaire, au Mali comme à l’étranger, a également manifesté son soutien à Dr Sissoko. Des pétitions et lettres ouvertes ont circulé, dénonçant l’emprisonnement de cet éminent professeur et exigeant sa libération. Néanmoins, malgré l’élan de solidarité et la décision initiale de remise en liberté provisoire, les récentes pressions semblent avoir conduit à une décision de maintien en détention.
Le jugement en appel, toujours prévu pour le 11 novembre 2024, sera un moment décisif pour Dr Sissoko. Ses soutiens espèrent que cette audience apportera une justice véritable, malgré les incertitudes et les obstacles rencontrés jusqu’à présent.
MD/Sf/te/APA