Les autorités maliennes ont annoncé la suspension des rotations de troupes pour le compte de la mission onusienne dans le pays.
Faut-il compter les jours de la Mission multidimensionnelle intégrée pour la stabilisation au Mali (Minusma) ? Après la décision de Bamako de ce jeudi 14 juillet 2022, cette possibilité n’est plus à écarter. Un communiqué du ministère malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale informe de la suspension à compter de ce jour, de toutes les rotations des contingents militaire et policier de la Minusma. Cette mesure concerne aussi bien les rotations déjà programmées que celles qui ont été annoncées.
Pour justifier sa décision, le gouvernement malien invoque une « réunion de coordination entre les structures maliennes concernées et la Minusma » pour réglementer les rotations de la mission onusienne. L’objectif est de parvenir à « une gestion efficiente de la rotation des effectifs des contingents militaires et policiers déployés au Mali au compte de la Force onusienne ».
Cette décision intervient après l’arrestation, le 10 juillet dernier, de 49 soldats ivoiriens à l’aéroport de Bamako. Ils sont accusés par le gouvernement malien d’être « des mercenaires dont le dessein est de briser la dynamique de la refondation et de la sécurisation du Mali ». À cet effet, ils seront mis à la disposition de la justice pour d’éventuelles poursuites.
Les autorités ivoiriennes ont réagi en exigeant la libération de leurs ressortissants. Sous la présidence du chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara, le Conseil national de sécurité (CNS) s’est réuni le 12 juillet et a soutenu que ces militaires sont « régulièrement inscrits dans l’effectif de l’armée ivoirienne et se trouvaient au Mali dans le cadre des opérations des Éléments nationaux de soutien », « un mécanisme de soutien des Missions de maintien de la paix connu des autorités maliennes ».
Au-delà de cette brouille, certains observateurs voient, à travers cette nouvelle décision des autorités de la transition susceptible d’affecter essentiellement les pays ouest-africains dont les contingents sont bloqués depuis février 2022 au Mali en raison des représailles de Bamako aux sanctions économiques et financières de la Cedeao finalement levée le 3 juillet, une réelle volonté de mettre un terme à la mission onusienne au Mali dont le mandat a été renouvelé pour un an supplémentaire le 29 juin dernier par le Conseil de sécurité.
La nouvelle résolution votée par treize pays sur quinze contient un paragraphe imposant aux autorités maliennes de garantir à la Minusma une liberté de mouvement pour enquêter sur les violations des droits humains.
Quelques jours avant l’examen de la Résolution, le ministre des Affaires étrangères du Mali, Abdoulaye Diop rappelait que rien ne devrait plus être comme avant.
« Pour le Mali, il est essentiel que le mandat soit centré sur la protection des populations civiles et l’appui à l’établissement de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble de son territoire », avait affirmé le chef de la Diplomatie malienne, invitant la Minusma à « prendre en compte la montée en puissance des forces de défense et de sécurité (maliennes), qui sont désormais en première ligne face aux groupes jihadistes ». Dans le même temps, il avait réitéré l’opposition du Mali à l’intervention de Barkhane pour le compte de la Minusma.
AC/te/APA