Le président du Comité national du Codex Alimentarius (Cnca), le professeur Amadou Diop, a annoncé mardi la préparation d’un guide de bonnes pratiques destiné à renforcer la qualité sanitaire de l’alimentation de rue.
L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a organisé ce mardi à Dakar un atelier de validation du diagnostic de la restauration de rue et d’élaboration de documents de référence. Cette rencontre a réuni les principales parties prenantes concernées par la sécurité sanitaire des aliments au Sénégal.
L’atelier avait pour objectif principal de valider le diagnostic établi sur le secteur de la restauration de rue et de poser les jalons pour l’élaboration de deux documents essentiels : un guide de bonnes pratiques d’inspection destiné aux autorités compétentes et un guide de bonnes pratiques d’hygiène et d’autocontrôle pour les acteurs de la restauration de rue.
« Il s’agira au sortir de cet atelier de disposer d’un rapport de diagnostic de la restauration de rue au Sénégal validé par les différentes parties prenantes et définir les grandes lignes du contenu d’un Guide de bonnes pratiques d’inspection destiné aux autorités compétentes et un Guide de bonnes pratiques visant à améliorer la qualité sanitaire de l’alimentation de rue pour les acteurs ciblés », a déclaré le Professeur Amadou Diop, président du Comité national du Codex alimentarius (Cnca).
Ces guides s’inscrivent dans le cadre du projet GCP/SFW/517/LUX : « Renforcement de la capacité de réponse aux urgences de sécurité sanitaire des aliments et amélioration de la qualité sanitaire de l’alimentation de rue au Burkina Faso, au Mali et au Sénégal », financé par le Grand-Duché de Luxembourg.
Le Coordonnateur du bureau sous-régional de la FAO pour l’Afrique de l’Ouest a précisé que « ce présent atelier devrait nous permettre de valider le diagnostic qui va nous autoriser ensuite à travailler à la production de documents de référence pour la réalisation du contrôle officiel et de disposer de manuel de bonnes pratiques d’hygiène et d’autocontrôle pour la restauration de rue au Burkina Faso, au Mali et au Sénégal. »
La restauration de rue représente un secteur économique majeur dans les zones urbaines africaines, en particulier au Sénégal. Selon le Pr Amadou Diop, ce secteur qui produit des aliments et des boissons prêts à être consommés, préparés et/ou vendus par des vendeurs, spécialement dans les rues et dans les autres lieux publics similaires est une composante clé de l’économie informelle au Sénégal.
Elle joue un rôle crucial dans la vie quotidienne de nombreuses catégories socio-professionnelles offrant non seulement une source de nourriture abordable et accessible, mais aussi une opportunité économique pour de nombreux acteurs privés, a-t-il ajouté.
Cependant, comme l’a souligné le Professeur Diop, cette activité souffre d’un réel problème d’encadrement empêchant de tirer tout le potentiel de ce secteur tout en garantissant la protection de la santé publique.
L’environnement socio-économique urbain des pays de l’UEMOA est en général caractérisé par la présence de l’administration centrale dans les villes souvent capitales nationales ou régionales qui offrent plus d’opportunités économiques et commerciales qu’en milieu péri-urbain ou rural. C’est ainsi que s’est développée la restauration de rue dans les grandes agglomérations africaines, y compris le Sénégal, au niveau de tous les lieux accueillant du public, a expliqué le Coordonnateur du bureau sous-régional de la FAO.
Les maladies d’origine alimentaire représentent un fardeau sanitaire considérable, particulièrement en Afrique. Le Coordonnateur du bureau sous-régional de la FAO a rappelé que selon les estimations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2015, en Afrique, plus de 91 millions de personnes tombent malades chaque année, entraînant 137 000 décès soit un tiers de la mortalité mondiale due aux maladies d’origine alimentaire.
A l’en croire, l’Afrique perd 5,7 % à 7,1 % d’années de vie en bonne santé due aux diarrhées d’origine alimentaire ou hydrique contre 4,1% dans le monde.
Le Professeur Diop a également souligné que « chaque année, 600 millions de personnes tombent malades après avoir consommé des aliments contaminés, et 420 000 en meurent. Même si ces chiffres sont alarmants, ces maladies et décès sont évitables si nous faisons de la sécurité sanitaire des aliments une priorité à chaque étape de la chaîne alimentaire. »
Ce projet s’inscrit dans une série d’initiatives financées par le Grand-Duché de Luxembourg pour améliorer la sécurité sanitaire des aliments au Sénégal et dans la région. Le Professeur Diop a souligné que « le Grand-Duché de Luxembourg avait déjà financé, un premier projet Renforcement de la capacité de surveillance, d’alerte rapide et de préparation à la gestion des urgences de sécurité sanitaire des aliments dans la région de l’UEMOA. »
Ce premier projet a abouti à l’élaboration du plan national de réponse aux urgences de sécurité sanitaire des aliments (PNRUSSA).
Un deuxième projet, toujours financé par le Luxembourg, a permis au Sénégal « de renforcer son dispositif avec l’opérationnalisation du PNRUSSA, le développement de plans de surveillance des contaminants prioritaires et l’élaboration d’une plateforme électronique ‘e-SSA’ de collecte et de gestion des données de la sécurité sanitaire des aliments au Sénégal », a rappelé le Professeur Diop.
Des défis multiples pour la sécurité sanitaire des aliments
Le Coordonnateur du bureau sous-régional de la FAO a souligné qu’au Sénégal comme dans les autres pays de la sous-région, les systèmes de sécurité sanitaire des aliments font face à de nombreux défis. Les maladies d’origine alimentaire sont récurrentes et pèsent lourdement sur les systèmes de santé déjà fragiles.
« Ces maladies constituent un frein non négligeable pour le développement socio-économique en augmentant le coût de la santé et en affectant l’essor du commerce, du tourisme, etc. », a-t-il dit.
Il a également mis en évidence que cet état de fait est accentué par de nombreux facteurs parmi lesquels l’efficience des systèmes de maîtrise des risques d’origine alimentaire, l’inadéquation des textes réglementaires par rapport aux risques émergents, la prolifération des aliments vendus sur la voie publique sans contrôle, le manque d’information et de sensibilisation des consommateurs ainsi que la mondialisation des échanges.
De plus, a-t-il relevé, le système de contrôle sanitaire des aliments au Sénégal se caractérise par une pluralité des services de contrôle avec des services centraux (DPV, DSV, DITP, DCI, …) mais également régionaux, tous autorités compétentes. Ils interviennent séparément avec une insuffisance notable de coordination pour la définition des risques prioritaires nationales et de plan de contrôle.
Face à ces défis, la FAO a adopté une approche multisectorielle et collaborative. « La FAO, partant de sa mission majeure d’élimination de la faim dans le monde, qui intègre la sécurité sanitaire des aliments à tous les stades de la chaîne alimentaire, œuvre en synergie avec l’OMS et collabore étroitement avec les autorités gouvernementales, les partenaires techniques et financiers, les industries locales et les autres parties prenantes pour améliorer les systèmes de gestion de la sécurité sanitaire et de la qualité des aliments » a expliqué le Coordonnateur du bureau sous-régional.
L’atelier de validation du diagnostic de la restauration de rue et d’élaboration des documents de référence marque une étape importante dans cette démarche collaborative.
ARD/te/Sf/APA