Les listes électorales affichées, mardi dans plusieurs quartiers de Conakry, ont été déchirées et brûlées, notamment dans les endroits considérés comme fiefs de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) et l’Union des forces républicaines (UFR), deux formations de l’opposition.
A trois semaines de la tenue des élections législatives, la guerre des affiches fait rage surtout dans les fiefs de l’opposition. Des tensions ont été notées dans les villes de N’Zérékoré, de Boké à l’intérieur du pays, à Hamdallaye II, secteur 5, situé en haute banlieue de Conakry, quelques minutes après l’affichage des listes. Ces dernières ont été déchirées et brûlées par des individus supposés appartenir à l’opposition. Sous l’anonymat, un membre de la Commission administrative d’enrôlement et de révision des listes électorales (CAERLE) de cette zone, déplore l’acte.
« Hier, on nous a appelé au niveau de la Commission électorale communale indépendante (CECI) de Ratoma pour nous expliquer comment l’affichage des listes devait se faire et nous orienter vers les chefs de quartiers pour les récupérer. Avec certains collègues de la CAERLE, nous les avons affichées à Hamdallaye II, dans le secteur 5, qu’on appelle aujourd’hui secteur Oumar Barry. Et quelques minutes après, on nous appelle pour nous dire qu’on a déchiré les listes. Lorsqu’on est venu constater les faits, on a failli nous lapider aussi », confie notre interlocuteur angoissé, soulignant que « ce sont les jeunes du quartier qui ont procédé à cet acte déplorable ».
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Notre interlocuteur ne cache son inquiétude à l’approche du scrutin. « La tenue des législatives m’inquiète. Parce que ces mêmes cas ont été enregistrés dans les autres endroits. A Koloma par exemple, un membre de la CECI de Ratoma a été même attaqué. Donc si les listes ne sont pas épargnées, imaginez ce qui va se passer si des bureaux de vote sont installés dans ces quartiers. Donc j’ai peur pour notre sécurité personnellement», a-t-il laissé entendre.
Prévues le 16 février prochain, les législatives en Guinée se tiendront sans les poids lourds de l’opposition, dont l’UFDG de Cellou Dalein Diallo, l’UFR de Sidya Touré, le BL de Faya Millimouno, le PEDN de Lansana Kouyaté qui ont annoncé le boycott du scrutin.
Les adversaires du régime d’Alpha Condé dénoncent l’inscription de plus de trois millions d’électeurs fictifs sur le fichier électoral.
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Boubacar Barry, militant de l’UFDG, habitant au quartier Bambéto, martèle qu’il n’y aura pas de vote dans son quartier le 16 février. « C’est une mascarade électorale que le pouvoir a préparée. L’élection n’aura pas lieu à Bambéto. Nous allons empêcher l’installation de tout bureau de vote ici », a-t-il indiqué.
C’est la première fois depuis 2010 que les grandes formations politiques de l’opposition décident de ne pas prendre part à des élections dans le pays.
SD/cgd/te/APA