Moussa Dadis Camara (57 ans) est rentré en Guinée ce mercredi 22 décembre 2021 après onze ans d’exil.
Une semaine après le retour de Sékouba Konaté en provenance du Mali, le capitaine Moussa Dadis Camara, en exil au Burkina Faso depuis 2010, est rentré à son tour à Conakry. Le retour en fanfare de l’ancien président du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) a été rendu possible par Mamady Doumbia, le nouvel homme fort de la Guinée.
Début décembre, les autorités de la transition guinéenne avaient, dans un communiqué, laissé entendre que les deux anciens dirigeants de la transition en Guinée entre 2008 et fin 2010 pouvaient rentrer au pays. La junte, dans un souci de « renforcement de l’unité nationale et d’apaisement, accueille favorablement les demandes de visite au pays » de Moussa Dadis Camara et Sékouba Konaté, pouvait-on lire dans un communiqué daté du 30 novembre 2021.
Inculpé pour le massacre du 28 septembre
Toutefois, le CNRD qui a pris les rênes du pouvoir le 5 septembre dernier après avoir renversé Alpha Condé, tient à préciser qu’il ne s’agit pas « d’entraver les procédures judiciaires en cours ». Moussa Dadis Camara est sous le d’une inculpation dans l’affaire du massacre du 28 septembre au stade de Conakry. Ce jour-là, des militaires avaient tué au moins 157 personnes et violé 109 femmes dans l’enceinte du stade lors d’un rassemblement de l’opposition contre la candidature à la présidentielle de 2010 de Moussa Dadis Camara. L’intéressé n’a pas échappé à la question à son arrivée à Conakry. « Je suis prêt à me mettre à disposition de la justice afin que plus jamais ce genre d’événement ne vienne endeuiller la Guinée » dit-il à l’endroit des journalistes.
« Dadis Show » comme il était caricaturé se révéla au monde la veille de Noël de 2008 quand il s’empare du pouvoir deux jours seulement après la mort du général Lansana Conté. L’éphémère président échappe par la suite à une tentative d’assassinat en décembre 2009, lors d’une visite au camp militaire de Koundara. Son aide de camp Toumba Diakité tire sur lui le blessant à la tête et au cou. Le président du CNDD est évacué d’urgence au Maroc pour des soins avant un exil au Burkina Faso.
Son retour au pays, longtemps annoncé, fait réagir certaines organisations des droits humains. La Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) estime que « le retour de Moussa Dadis Camara en Guinée doit ouvrir la voie à un procès en la présence de tous les accusés ».
A en croire une déclaration de la ministre de la Justice par intérim, Fatoumata Yarie Soumah à la Cour pénale internationale (CPI), le gouvernement guinéen se « prépare » à juger les auteurs du massacre au stade de Conakry en 2009.
CD/APA