Le coordonnateur de la Plateforme opérationnelle pour la sécurisation des élections (Pose), Me Mame Adama Guèye, a déclaré au Grand oral d’APA (GoAPA) que le régime de Macky Sall, au Sénégal, a déjà mis en branle un système d’« instrumentalisation » des médias et de l’administration, à travers une série d’actes posés, pour se réélire le 24 février 2019, jour du premier tour de la présidentielle.
» Les faits confirment qu’il y a tout un dispositif de hold-up qui est en préparation, qui est en gestation. Et tout le déroulé le montre », a dit le quatrième invité du GoAPA, qui a rangé en décembre dernier sa candidature à la présidentielle pour mener le « combat de la sécurisation » du prochain scrutin présidentiel à travers la Pose, composée avec ses collègues de l’opposition.
La loi sur le parrainage « telle qu’elle a été votée sans débat, au forceps » (en avril dernier) et son utilisation avec un « objectif décidé » de ne pas dépasser cinq candidats sont « des éléments préparatoires du hold-up », a affirmé Me Guèye, par ailleurs ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats.
De même, « pourquoi à la veille d’élections, le Sénégal se dote d’équipements anti émeutes ? (…) Pourquoi, en veille d’élection, allonger l’âge de la retraite des magistrats qui sont à la tête des juridictions jouant un rôle déterminant dans les élections. (…) Pourquoi maintenir à la tête de la Direction de l’automatisation des fichiers (Daf) un monsieur qui doit faire valoir ses droits à la retraite depuis 2015 ? Voilà les actes préparatoires », a renchéri Mame Adama Guèye.
Au plan médiatique, il s’interroge également sur la nécessité pour le candidat sortant, « à quelques encablures d’une élection, de faire voter une loi sur les communications numériques (électroniques NDLR), avec ce fameux article 27 qui confère à l’ARTP la possibilité de réguler (l’utilisation) de internet » à travers les « réseaux sociaux ».
« Et à qui on a donné cette compétence de régulation au niveau de l’ARTP ? C’est un responsable de haut niveau de l’APR (parti au pouvoir). Rappelez-vous que c’est lui qui avait pris la gendarmerie et la police pour aller fermer Walfadjri (groupe de presse privé) lors du référendum (en 2016) », a-t-il dit.
Dans les médias publics, le coordonnateur de la Pose note aussi une « situation inédite » avec les directeurs des trois organes publics (RTS, Le Soleil, APS) qui sont « des responsables de haut niveau du parti ».
« On a maîtrisé les médias publics, on veut se donner (maintenant) les moyens d’avoir des pouvoirs de coercition sur les médias privés en mettant (ensuite) Babacar Diagne (qui a servi sous Diouf et Wade) à la tête du CNRA », le Conseil national de régulation de l’audiovisuel.
« Il (Macky Sall) ne veut pas mettre des personnes qui sont susceptibles de remettre en question ses plans », a poursuivi le coordonnateur de la Pose, qui note par ailleurs qu’on « veut travailler sur les esprits (à travers) une forme de manipulation » donnant au président sortant vainqueur au premier tour.
Sur la distribution des cartes d’électeur, Me Guèye note qu’elle est « sélective » du point de vue que le taux de distribution est « très élevé dans les régions supposées favorables au président et plus bas dans les régions supposées ne pas lui être favorables. C’est-à-dire l’axe Dakar-Thiès-Diourbel ».
« Macky Sall, lui-même, sait très bien qu’il n’a pas les chiffres qu’il avance. Il n’y a aucun sondage qui lui donne 50%, aucun ! Et très loin de là », a juré le coordonnateur de la Pose.
En revanche, a souligné Mame Adama Guèye, cette plateforme a pris les devants pour réussir sa mission pour la « sécurisation du processus. Parce que quand je dis que le hold-up est en cours, il y a beaucoup de questions (cartes d’électeur) qui vont jouer un rôle fondamental dans cette élection et qu’il faut prendre en charge ».
ODL/te/APA