Le Sénégal ambitionne, d’ici trois ans, de privatiser intégralement le convoyage des pèlerins musulmans à la Mecque, et toute organisation désirant s’adonner à cette activité doit se conformer au cahier des charges établi par la Délégation générale au pèlerinage (DGP), a confié à APA le professeur Abdoul Aziz Kébé.
« Le cahier des charges impose aux voyagistes privés d’être reconnu par les autorités, d’avoir un siège équipé avec au moins deux employés, un bureau pour les enrôlements et un espace pour l’accueil des pèlerins avec les commodités qui siéent», a indiqué, lundi, le délégué général au pèlerinage, invité du 7ème numéro du Grand oral d’APA.
Le deuxième élément mis en avant par la DGP est le fait que les agences de voyage ne doivent plus faire subir aux fidèles un périple qui serait entrecoupé par des escales conformément aux instructions du chef de l’Etat, Macky Sall.
Il a demandé « à ce qu’on réduise la pénibilité du pèlerinage », a noté M. Kébé, ajoutant ainsi que « soit l’agence fait un vol direct comme le fait l’Etat. Au cas où ce serait impossible, le vol ne peut excéder une seule escale ».
Par ailleurs, l’entité désirant conduire des fidèles aux lieux saints de l’Islam doit également déposer une garantie équivalent à 25% du package proposé auprès de la banque partenaire de la DGP. Et cette garantie, a expliqué le délégué général au pèlerinage, devrait servir à « réparer relativement » un préjudice que fait subir le convoyeur au pèlerin.
L’octroi de quota aux voyagistes privés est, par ailleurs, assujetti au respect du paiement des taxes fiscales. En d’autres termes, si l’entreprise n’est pas en règle avec l’administration fiscale, elle ne pourra pas transporter des pèlerins, a dit Abdoul Aziz Kébé, par ailleurs universitaire.
Le cahier des charges de la DGP oblige aussi les convoyeurs privés à publier leur offre et cela permet au citoyen « de connaitre avec qui il va, qu’est-ce qu’il lui offre comme services et de pouvoir évaluer si le coût qu’il a payé équivaut aux services proposés, et au cas échéant, il élève sa plainte auprès de la DGP », a souligné le délégué général au pèlerinage, notant que le fait d’avoir été à la Mecque, de disposer d’un guide religieux et de s’engager à prendre un médecin font également partie du cahier des charges.
Ces dispositions constituent un ensemble « de réformes qui permettent de rationnaliser et d’intégrer le pèlerinage dans une dynamique économique mais aussi dans une dynamique administrative rationnalisée », a argumenté M. Kébé, indiquant toutefois que « des sanctions sont prévues pour tous ceux qui ne les respecteraient pas ».
« A chaque fois qu’il y a une possibilité de flexibilité par rapport à ces sanctions, nous faisons preuve de flexibilité. Cette flexibilité-là ne doit, cependant, pas porter préjudice au pèlerin et ne doit pas porter préjudice également à la rationalité du point de vue de l’organisation de l’Etat », a souligné l’islamologue.
Partant de là, le professeur Kébé informe que la DGP a établi et affiché à son siège une liste de toutes les agences agréées et qui sont détentrices de quotas.
« Toute personne ou toute agence, qui ne figure sur cette liste, n’est pas habilitée à convoyer des pèlerins et les citoyens qui s’y inscrivent, risquent d’être laissés en rade ».
Toute agence de voyage remplissant les conditions fixées par la DGP peut bénéficier de l’agrément et l’attribution des quotas est faite sur la base des évaluations du pèlerinage de l’année précédente.
Pour l’édition 2019 du pèlerinage, 31 agences ont bénéficié de l’agrément de la DGP. Elles se partageront les quelque onze mille fidèles que l’Etat leur a octroyés.
Dans les années à venir, l’institution en charge de l’organisation du séjour en terre sainte de l’Islam compte fusionner certains voyagistes privés pour, d’une part, renforcer leur capacité financière et d’autre part, diminuer le nombre de convoyeurs qui devrait s’arrêter à vingt, a indiqué le délégué général au pèlerinage.
ARD/cd/APA