Le fast track (rapidité d’exécution) que le président Macky Sall compte adopter comme mode de gouvernance suppose, en dehors de la suppression du poste de Premier ministre, une profonde réforme de l’administration, a soutenu le professeur Abdou Aziz Kébé, invité ce jeudi du Grand oral de l’Agence de presse africaine (APANEWS).
« L’idée du fast rack me semble intéressante mais la suppression du poste de Premier ministre peut être un premier pas pour aller vers une administration de célérité. Je crois que le fast track est une réforme en profondeur de l’administration », a notamment dit M. Kébé, par ailleurs directeur du Centre de recherche en ingénierie juridique et financière
En vérité, selon Abdou Aziz Kébé, le fast track «est un processus qui se construit sur de longues périodes. Notre administration est régie par une législation de 1961. Et il faut la réformer ».
Pour ce faire, il est nécessaire de « revoir tous les statuts, donner plus de primes en fonction des résultats », estime le juriste, faisant référence à « une rémunération juste et équitable du personnel » de l’administration.
Relevant en passant l’annonce faite le 1er mai dernier par le chef de l’Etat de ne pas augmenter les salaires, il a déploré « des inégalités dans le traitement » des agents de la fonction publique, citant à ce propos le fait qu’un « DG d’une agence peut avoir jusqu’à 5 millions de salaire ».
Dans tous les cas, un regroupement des compétences s’impose pour plus d’efficacité et de compétitivité, a-t-il préconisé non sans reconnaitre que « l’administration sénégalaise est éclatée ». En guise d’illustration, le juriste a affirmé que « dans le domaine des finances publiques, nous avons une direction générale des impôts, une direction générale des douanes, une direction générale de la comptabilité publique et du trésor, alors que des pays tels que le Togo, le Rwanda, Singapour ont fusionné (tout cela) pour obtenir des résultats satisfaisants».
Militant pour l’instauration du fast track, l’universitaire avoue ne pas comprendre qu’on s’accommode d’un directeur général faisant de la politique. Selon lui, une telle pratique est bannie par le code de transparence de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) qui dispose que le directeur général d’une société nationale doit être protégé de toute influence politique.
Au final, Abdou Aziz Kébé suggère la dépolitisation de l’administration afin de créer un rapprochement entre l’administration et les citoyens. « Le citoyen est aujourd’hui traité comme un client dans les tendances mondiales. Le client, n’est pas l’usager, est beaucoup plus exigeant. Le fast track, c’est enlever toute la paperasse autour de l’administration », a-t-il souligné.
DD/cat/APA