Le Rwanda s’est souvenu dimanche à Kigali, sa capitale, des 800.000 personnes environ qui ont péri sous son sol en 1994, dans le cadre du génocide qui a visé principalement les Tutsis.
Inscrite sous le sceau de la préservation de la mémoire, cette vingt-cinquième commémoration a suscité tout au long de cette journée la sympathie et la « solidarité » de plusieurs dirigeants africains et internationaux qui se sont déplacés.
Au stade Amahoro de Kigali, plein à craquer, en cette veillée de souvenir aux victimes du génocide, le public prête une oreille attentive aux jeunes gens disposés en diagonale sur la pelouse et qui sont en train de réciter, telle dans une oraison funèbre, les noms des cent victimes dont les familles ont été complètement décimées lors du génocide.
En anglais, en français et en kinyarwanda, certains parmi ces jeunes rwandais déclarent successivement que « nous nous souvenons de la famille de monsieur… » tel ou tel jusqu’à atteindre le nombre final.
Par moments en revanche, nous entendons dans les tribunes des gens en train de crier comme s’ils se mettaient à pleurer.
Tous ceux qui sont présents dans le stade par contre, avec à leur tête le président Paul Kagamé, ont par la suite allumé une bougie en souvenir aux victimes, peu après avoir effectué une marche de deux kilomètres avec des centaines d’autres personnes en provenance du Parlement.
Le Rwanda « émerveille »
Peu avant dans la journée, à la salle de conférences « Kigali Convention Center », plusieurs leaders, dont le président djiboutien Ismail Omar Guelleh, ont exprimé leur « solidarité agissante au peuple rwandais » qui, toutefois aujourd’hui, « continue de nous émerveiller » de la manière dont il a su se relever de cette tragédie, après un quart de siècle.
Pour sa part, le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, qui a servi par ailleurs au Rwanda pendant le génocide dans un contingent de l’ONU, a estimé que ce pays « est devenu une histoire extraordinaire de réconciliation grâce au leadership de Paul Kagamé ».
Par ailleurs, M. Ahmed a appelé, « en tant qu’êtres humains (…), de nous voir comme le miroir de l’autre ». Sinon pour lui, cela voudra dire qu’on « ne se connaît pas » soi-même.
Pour son homologue belge, Charles Michel, il a reconnu dans son intervention la part de responsabilité de son pays sur laquelle s’était déjà « excusé » son « prédécesseur » concernant notamment ce « cortège d’incompétence et de négligence » de la communauté internationale qui a « rendu ce génocide possible ».
Aujourd’hui, « je suis un être qui veut un monde meilleur. C’est le vœu que je veux partager », a dit le Premier ministre belge, dont le pays a colonisé le Rwanda.
Pour sa part, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a indiqué que sa présence est motivée par le renouvellement de « la solidarité » de son institution à l’égard du Rwanda, tout en notant que chaque commémoration est synonyme à « un triste rappel ».
« Ne pas oublier l’étendue du mal »
Son homologue européen, Jean Claude Juncker, « touché profondément » par la capacité de se relever de ce pays, a toutefois déclaré que « nous ne devons pas oublier l’étendue du mal que l’homme peut faire à l’homme ».
Dans la même cérémonie, ce matin, le président Paul Kagamé a promis que « ce qui s’est passé ne se répétera pas et ne se reproduira pas », mettant en garde toutefois les « pays qui continuent de penser que le Rwanda n’a pas assez souffert ».
Et à l’égard de ces derniers, qu’il n’a pas cités dans son discours, il a lancé que le Rwanda « ne se laissera pas faire ».
ODL/cd/APA