Le scrutin pour l’élection présidentielle en Mauritanie, démarré ce samedi à 7h locales et pour lequel 1,5 million d’électeurs sont appelés à choisir entre six candidats, ne suscitait pas en milieu de matinée un réél engouement, notamment à Nouakchott, la capitale, où les rangs devant les bureaux de vote sont clairsemés.
Devant le bureau de vote 8 du centre du stade olympique de Nouakchott, une file d’électrices vêtues en «meulfeu», tenue traditionnelle des Mauritaniennes, sont assises à même le sol. En face, s’étire un autre rang d’électeurs qui, eux, sont debout. Ils sont pour la plupart des hommes emmitoufflés dans grand boubou traditionnel.
Franchi le bureau de vote au seuil duquel veille la sécurité, les mouvements sont incessants entre les votants, les représentants de candidats et le président du bureau de vote.
Toutefois, beaucoup d’électeurs peinent à trouver leur bureau de vote et pour s’y retrouver ils demandent à tout va.
Cette élection met aux prises six candidats dont le candidat du parti au pouvoir, Mouhamed Ould El Ghazouani, attendu à son bureau de vote vers 12h, selon une source. Il votera dans le centre du stade olympique de Nouakchott qui regroupe plus d’une dizaine de bureaux.
Trouvé assis dans un des compartiments de cette enceinte sportive, Abdoulaye Dieng, 21 ans, vient voter « pour la première fois », mais n’arrive pas encore à trouver son bureau. D’une voix hésitante, il confie n’être pas trés inquiet car quelqu’un va bientôt l’appeler sur son téléphone pour l’informer.
En attendant, le jeune homme, pas cachottier sur son choix, renseigne qu’il va voter pour le militant antiesclavagiste Biram Dah Abeid. Avec celui-ci, il espère qu’il y aura moins de « discrimination » et de « racisme ». Aussi, les richesses du pays, « en mer, en or et en pétrole », seront partagées équitablement pour tous les Mauritaniens. « J’ai confiance en lui » et en ses chances, déclare Abdoulaye.
Tout près de lui, l’étudiant en master Cheikh Anne a déjà voté mais il garde secret le choix qu’il a fait même si son « candidat est un opposant ». Puisque « je milite pour le changement ».
« Si le candidat du parti au pouvoir (Ghazouani) gagne, ce sera alors la perpétuation du régime », a-t-il souligné, craignant par ailleurs pour « la transparence » du scrutin.
De son côté, Taghi Cheikhna, expert financier, montre fièrement le bout de son auriculaire imbibé d’encre noir. Il a voté pour Ghazouani, « le candidat de l’espoir » et du « consensus ».
Pour lui, le candidat soutenu par le parti au pouvoir est le plus à même, parmi les cinq autres, de mener la Mauritanie à bon port vu le programme économique et social qu’il propose. Il « a pris l’engagement de construire 10.000 logements sociaux et d’employer 100.000 jeunes », a-t-il souligné.
Militant ainsi pour la continuité, il reconnaît par ailleurs que « beaucoup de choses ont été faites » sous le magistère d’Abdelaziz, le président sortant.
C’est la même conviction de cette universitaire, partisane du même bord politique que Taghi Cheikhna. « Je ne voudrais pas de second tour pour mon candidat. Mais si cette situation se présente nous allons nous remobiliser pour élire » Ghazouani, a-t-elle lancé.
Par ailleurs, elle s’est dit « satisfaite » de l’organisation de l’élection même s’il y a eu « quelques couacs » au début de la matinée.
Sur ce plan, le chef de la mission de l’Union africaine (UA), Philémon Yang, a déclaré à la presse, peu après le début du vote, que « ce qu’on a vu était bien ».
Toutefois, il précise ne pas pouvoir faire une appréciation large de la situation vu qu’ils viennent d’assister à l’ouverture. Ils attendent ainsi de « voir beaucoup plus » à partir des équipes déployées « un peu partout » sur le territoire mauritanien.
ODL/te/APA