Lors d’un échange tendu au Bureau ovale, Donald Trump a menacé de lâcher l’Ukraine si Volodymyr Zelensky refusait de faire des concessions à la Russie, marquant un tournant dans l’approche américaine du conflit.
La première rencontre entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky depuis le retour du républicain à la Maison Blanche a rapidement dégénéré. Dans le Bureau ovale, le président américain a haussé le ton, menaçant de retirer son soutien à l’Ukraine si Kiev ne faisait pas de concessions à la Russie. L’échange, particulièrement virulent, illustre le virage diplomatique opéré par Washington, alors que Moscou et Washington entament des discussions sur un possible règlement du conflit.
Dès le début de la réunion, le ton a été donné par le vice-président JD Vance, qui a reproché à Volodymyr Zelensky de « manquer de respect » aux Américains en sollicitant une aide supplémentaire. Donald Trump a embrayé en critiquant la posture du président ukrainien, affirmant qu’il « n’avait pas les cartes en main » et qu’il devait « conclure un accord avec la Russie » sous peine d’être abandonné par les États-Unis.
« Vous jouez avec la vie de millions de personnes. Vous jouez avec la troisième guerre mondiale (…) et ce que vous faites est très irrespectueux pour ce pays », a lancé Donald Trump, visiblement agacé.
L’atmosphère était déjà lourde avant même cet échange houleux. Lors de l’arrivée de Volodymyr Zelensky, vêtu de sa traditionnelle tenue militaire, le président américain a lancé : « Il s’est fait très élégant aujourd’hui », une remarque dont le ton, moqueur ou ironique, reste incertain.
Avant que la discussion ne tourne à l’affrontement, Donald Trump avait pourtant salué la perspective d’un accord économique « très équitable » entre Washington et Kiev. Mais Volodymyr Zelensky a réitéré son refus de toute concession à Vladimir Poutine, qu’il a qualifié de « tueur ». En réponse, Donald Trump a souligné ses échanges récents avec le président russe, avec qui il s’est spectaculairement rapproché depuis son retour à la Maison Blanche le 20 janvier.
Un accord aux contours incertains
Une conférence de presse commune est prévue à 13h00 locale (18h00 GMT), mais son maintien reste incertain après cette altercation. La signature d’un accord-cadre sur les minéraux, hydrocarbures et infrastructures ukrainiennes est également en suspens.
Le texte négocié ne reprend pas les exigences initiales de Donald Trump, qui souhaitait un engagement chiffré à hauteur de 500 milliards de dollars. Il prévoit néanmoins la création d’un fonds d’investissement commun, sans garanties de sécurité explicites pour l’Ukraine.
« Cet accord fonctionnera comme une sorte de filet de sécurité », a tenté de rassurer Donald Trump. « Je ne pense pas que quiconque va chercher des ennuis si nous avons beaucoup de travailleurs en Ukraine » pour exploiter ses ressources naturelles, a-t-il ajouté.
Mais au-delà des enjeux économiques, la visite de Volodymyr Zelensky intervient dans un contexte de profonde inquiétude en Ukraine et en Europe. Le rapprochement entre Donald Trump et Vladimir Poutine, illustré par un long entretien téléphonique le 12 février, alimente les craintes d’un revirement stratégique des États-Unis.
Le président américain assure qu’il fait confiance à son homologue russe, malgré les mises en garde de Londres et Paris sur la nécessité d’un dispositif de contrôle strict pour garantir un éventuel cessez-le-feu.
Jeudi, Donald Trump s’est dit convaincu que Vladimir Poutine « tiendrait parole ». Il a exclu toute responsabilité de Moscou dans le conflit et a définitivement fermé la porte à une adhésion de l’Ukraine à l’Otan, invitant Volodymyr Zelensky à « oublier » cette perspective.
APA/Sf/AFP