Le Rwanda dénonce les sanctions de l’OFAC contre James Kabarebe, les jugeant « injustifiées », dans un contexte de tensions croissantes marqué par la prise de Bukavu par le M23 et la suspension de l’aide belge.
Le ministère rwandais des Affaires étrangères a vivement réagi jeudi aux sanctions annoncées par l’Office of Foreign Assets Control (OFAC) contre le ministre d’État James Kabarebe, chargé de l’Intégration régionale, qualifiant cette décision d’« injustifiée et infondée », alors que la région des Grands Lacs traverse une période de fortes tensions, marquée notamment par la suspension de l’aide belge et la prise de Bukavu par les rebelles du M23.
« Si les sanctions suffisaient à mettre un terme au conflit dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), la paix y serait rétablie depuis longtemps », affirme le ministère rwandais des Affaires étrangères dans un communiqué daté du 20 février 2025.
Le document, transmis à APA, accuse la présence de « forces hostiles » à la frontière ouest du Rwanda, désignant « les Forces armées de la RDC (FARDC), engagées aux côtés des troupes de la SAMIDRC, des forces burundaises et de la milice génocidaire FDLR ». Le ministère affirme également que « 300 mercenaires européens ont bénéficié d’un passage sécurisé à travers le Rwanda vers la Roumanie ».
Kigali dénonce « la complaisance et l’inaction de la Communauté Internationale face à l’insécurité et aux conflits violents encouragés par le Gouvernement Congolais », qui, selon lui, auraient contribué à « prolonger et intensifier les combats dans l’Est de la RDC ».
Dans ce contexte tendu, le Rwanda réaffirme sa position : « Notre seul objectif est d’assurer la sécurité de nos frontières et d’éradiquer de manière irréversible les politiques d’extrémisme ethnique armé dans la région ». Le gouvernement insiste sur le fait que « les Rwandais ont le droit de vivre en paix, sans être perpétuellement menacés par l’insécurité en provenance de la RDC ».
Le communiqué se conclut par un appel à la Communauté Internationale à « soutenir et respecter pleinement les initiatives africaines de médiation », citant le Sommet conjoint EAC-SADC et celui de l’Union africaine comme « les seules voies crédibles vers une solution durable ».
Cette réaction intervient au lendemain de l’annonce par le département du Trésor américain de sanctions visant James Kabarebe et Lawrence Kanyuka Kingston, porte-parole du M23 et de la Congo River Alliance. Selon l’OFAC, Kabarebe est un acteur clé du soutien rwandais au M23, un groupe armé impliqué dans des violations des droits humains et l’exploitation illégale des ressources minières en RDC. « L’action d’aujourd’hui vise à responsabiliser les responsables et dirigeants clés comme Kabarebe et Kanyuka, qui permettent aux RDF et au M23 de poursuivre leurs activités déstabilisatrices dans l’est de la RDC », a déclaré Bradley T. Smith, sous-secrétaire par intérim du Trésor chargé du terrorisme et du renseignement financier.
Le M23, appuyé par les Forces de défense rwandaises (RDF), a récemment pris le contrôle de Goma, Bukavu et de l’aéroport de Kavumu, exacerbant la crise sécuritaire en RDC. L’OFAC rappelle que ce groupe, sous sanctions américaines depuis 2013, est responsable de crimes tels que les meurtres, la violence sexuelle et le déplacement forcé de populations civiles.
Les sanctions américaines entraînent le gel des avoirs des personnes désignées sous juridiction américaine. Le Trésor précise que « toutes les transactions effectuées par des citoyens américains ou au sein des États-Unis impliquant des biens ou des intérêts détenus par ces individus sont interdites », sous peine de sanctions civiles et pénales.
AC/Sf/APA