Le président sud-africain Cyril Ramaphosa effectuera, à partir du 19 mai, une visite de travail de quatre jours aux États-Unis, dans un contexte marqué par des tensions diplomatiques croissantes entre Prétoria et Washington. Ces frictions sont notamment alimentées par les demandes d’asile de ressortissants sud-africains blancs (Afrikaners) et l’expulsion de l’ambassadeur sud-africain en poste à Washington.
Selon la présidence sud-africaine, la visite du président aux USA vise à permettre un échange direct entre Cyril Ramaphosa et son homologue américain Donald Trump sur des questions bilatérales, régionales et internationales.
« La visite du président constitue une opportunité de réinitialiser les relations stratégiques entre nos deux pays », a souligné le bureau de la présidence, alors que les relations entre Prétoria et Washington se sont considérablement dégradées depuis l’arrivée de Trump à la Maison-Blanche en janvier.
Le principal point de discorde concerne un décret signé par Donald Trump, permettant aux Sud-Afrikaners de demander l’asile aux États-Unis sur la base de prétendues persécutions de la part du gouvernement sud-africain. Pretoria rejette fermement ces accusations, les qualifiant de « sans fondement », et souligne que les Afrikaners ne répondent pas aux critères définis par le droit international en matière de statut de réfugié.
Jeudi, la ministre à la présidence, Khumbudzo Ntshavheni, a rappelé que les données officielles sur la criminalité ne corroborent en rien l’existence d’une persécution raciale systémique. Elle a ajouté que le gouvernement sud-africain reste cependant disposé à engager un dialogue constructif pour parvenir à une meilleure compréhension mutuelle.
Les tensions se sont intensifiées après l’expulsion de l’ambassadeur sud-africain Ebrahim Rasool par Washington, en réaction à ses critiques publiques à l’égard du président Trump. En réponse, Ramaphosa a désigné l’ancien vice-ministre des Finances, Mcebisi Jonas, comme émissaire spécial auprès des États-Unis.
Par ailleurs, plusieurs sources évoquent un éventuel boycott par les États-Unis du prochain sommet du G20. Washington reproche à Prétoria ses positions jugées trop conciliantes envers la Chine et la Russie, ainsi que sa condamnation des opérations militaires israéliennes à Gaza.
Malgré ce climat de crispation, Ntshavheni a affirmé que le président Ramaphosa abordait ce déplacement avec une volonté de dialogue, sans intention de céder aux pressions extérieures. « C’est lui-même qui a annoncé cette visite. On n’invite pas un hôte pour l’humilier », a-t-elle déclaré.
Elle a tenu à rappeler que, malgré les divergences, les relations entre l’Afrique du Sud et les États-Unis restent fondées sur des intérêts communs, et que Pretoria entend continuer à jouer un rôle influent sur la scène diplomatique internationale.
JN/lb/te/Sf/APA