Depuis le lancement officiel du passeport de l’Alliance des États du Sahel (AES) le 29 janvier 2025, des interrogations persistent quant à son acceptation par certaines ambassades étrangères, notamment celle de la Chine.
Récemment, l’Association des commerçants voyageurs du Mali et de la Diaspora (ACOVMADIA) a dénoncé un refus supposé de ce document par l’ambassade de Chine au Mali, soulevant une vive controverse.
En réponse, la mission diplomatique chinoise a fermement rejeté ces allégations. Cette situation met en lumière les défis diplomatiques et administratifs liés à la reconnaissance internationale du passeport AES.
Le 26 février 2025, l’ACOVMADIA a publié un communiqué affirmant que des commerçants maliens s’étaient vu refuser leur visa par l’ambassade de Chine en raison de l’invalidité du passeport AES. L’association, qui représente de nombreux commerçants effectuant des voyages réguliers entre le Mali et la Chine, a appelé les autorités maliennes à intervenir pour résoudre cette situation.
« Nous avons constaté que les passeports AES sont rejetés par l’ambassade de Chine. Nous sollicitons la Chambre de Commerce, le ministère des Affaires étrangères et les autorités de la transition pour prendre les dispositions nécessaires », a déclaré Ibrahima Maïga, président de l’ACOVMADIA.
Démenti de l’ambassade de Chine
En réaction à ces accusations, l’ambassade de Chine au Mali a rapidement publié un communiqué officiel le 26 février 2025, affirmant qu’aucune directive n’avait été émise pour refuser le passeport AES et que les demandes de visa des citoyens maliens continuaient d’être traitées normalement.
« Nous démentons catégoriquement les informations selon lesquelles l’ambassade refuserait les passeports AES. Les citoyens maliens munis de documents de voyage en règle peuvent soumettre leurs demandes de visa comme à l’accoutumée », indique le communiqué.
Cette clarification vise à dissiper toute confusion et à rassurer les commerçants maliens dont les activités économiques reposent sur leurs déplacements en Chine.
Des difficultés d’acceptation dans d’autres pays
Si le cas de l’ambassade de Chine suscite encore des doutes, des problèmes similaires ont été signalés lors de demandes de visas européens avec le passeport AES. Plusieurs requérants ont rapporté des rejets ou des retards prolongés dans le traitement de leurs dossiers par certains consulats européens.
Selon diverses sources, certains consulats européens à Bamako ont fait état de retards dans la réception des spécimens physiques du nouveau passeport AES, compliquant ainsi le processus de validation.
Saisi de la question, le ministère malien de la Sécurité et de la Protection civile a publié un communiqué le 16 février 2025, précisant que toutes les missions diplomatiques avaient été informées du lancement du passeport AES et que des exemplaires physiques avaient été transmis aux chancelleries étrangères. Toutefois, certaines ambassades européennes ont signalé des retards dans la réception effective de ces documents, expliquant ainsi les difficultés rencontrées.
« Nous avons respecté toutes les procédures en transmettant les spécimens aux missions diplomatiques concernées. Cependant, nous avons été informés que certains consulats accusent encore des retards dans leur réception. Nous travaillons activement à résoudre cette situation », a déclaré un représentant du ministère.
Validité des anciens passeports
En attendant la résolution de ces problèmes, les autorités maliennes rappellent que les anciens passeports, portant le logo de la CEDEAO, restent valides jusqu’à leur expiration, permettant ainsi aux citoyens maliens de voyager sans entrave majeure.
Cette situation souligne l’importance d’une communication efficace entre le Mali et ses partenaires internationaux afin d’assurer la reconnaissance du passeport AES. L’introduction d’un nouveau document de voyage implique toujours un processus d’adaptation nécessitant des mises à jour administratives auprès des différentes missions diplomatiques.
Alors que le Mali s’efforce de renforcer sa souveraineté et de consolider son appartenance à l’AES, ces incidents risquent de ralentir l’adoption du nouveau passeport sur la scène internationale. Les autorités maliennes devront intensifier leurs efforts pour garantir sa reconnaissance par l’ensemble des partenaires étrangers.
L’affaire du passeport AES et de son acceptation par l’ambassade de Chine illustre les défis inhérents à la mise en place d’un nouvel espace diplomatique et administratif. Tandis que l’ACOVMADIA alerte sur un problème réel, le démenti de l’ambassade chinoise met en exergue la nécessité d’une clarification plus large de la situation. Par ailleurs, les difficultés rencontrées avec certaines ambassades européennes confirment qu’un travail reste à accomplir pour assurer la pleine reconnaissance de ce passeport.
D’ici là, les autorités maliennes devront veiller à ce que les procédures administratives auprès des missions étrangères soient mises à jour afin d’éviter toute entrave aux déplacements de leurs citoyens.
MD/te/Sf/APA