Le 18 mars 2025, le Mali a officialisé son retrait de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), mettant fin à 55 ans de coopération. Cette décision, sous l’autorité du général Assimi Goita, accentue la rupture avec les partenaires francophones traditionnels et s’inscrit dans une stratégie de réorientation des alliances, notamment avec la Russie et la Chine.
Le retrait du Mali de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), officialisé par le communiqué conjoint de la Confédération des États du Sahel (AES) du 18 mars 2025, marque un tournant historique pour le pays. Cette décision, prise sous l’autorité du général Assimi Goita, met fin à 55 ans d’appartenance à une organisation dont le Mali était membre fondateur depuis la création de l’ACCT en 1970. Ce choix diplomatique s’inscrit dans une stratégie plus large de réorientation des alliances internationales et d’affirmation de la souveraineté nationale.
Ce départ accentue la rupture avec les partenaires francophones traditionnels, notamment la France, le Canada et la Belgique, tout en renforçant l’axe stratégique avec le Burkina Faso et le Niger au sein de l’AES. Il traduit également un recentrage diplomatique du Mali vers des alliances alternatives, notamment avec la Russie et la Chine.
Les conséquences pratiques de ce retrait seront nombreuses pour les programmes en cours. Plusieurs initiatives financées par l’OIF, notamment dans les domaines de l’éducation, des médias et de la formation professionnelle, seront progressivement suspendues. Les projets de lutte contre la désinformation utilisant l’intelligence artificielle et les contenus audiovisuels en langues locales risquent d’être interrompus. Les programmes d’enseignement du français aux forces de sécurité, en partenariat avec l’ancienne Minusma, pourraient également être affectés. Cette situation crée un vide institutionnel que l’État malien devra combler rapidement pour maintenir la continuité des services.
Sur le plan linguistique et culturel, ce retrait pourrait accélérer l’évolution déjà en cours concernant le statut du français au Mali. Bien que langue officielle de travail, le français coexiste avec plusieurs langues nationales qui bénéficient désormais d’une reconnaissance officielle. Sans le soutien de l’OIF à la promotion du français, le gouvernement malien pourrait accentuer la valorisation des langues locales dans l’administration et l’éducation. Cette situation représente à la fois un défi et une opportunité pour renforcer les expressions culturelles nationales.
Conformément à l’article 10 de la Charte de l’OIF, le retrait ne sera effectif qu’après une période de six mois, laissant un délai pour gérer la transition. Cette période sera cruciale pour établir de nouveaux mécanismes de soutien aux secteurs précédemment appuyés par l’organisation. Si l’expérience d’autres pays comme Madagascar ou la Côte d’Ivoire suggère qu’un retour est toujours possible en cas de changement politique, le Mali semble pour l’instant déterminé à tracer sa voie en dehors du cadre francophone.
Ce retrait constitue donc un moment charnière pour le Mali, qui devra désormais recomposer son identité sur la scène internationale et relever de nombreux défis pratiques. Les implications de cette décision se manifesteront progressivement dans les mois et années à venir, redessinant le paysage diplomatique, linguistique et culturel du pays.
MD/ac/APA